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Libération

Google Wave, vague souvenir

par Andréa Fradin
publié le 11 juin 2010 à 16h01
(mis à jour le 11 juin 2010 à 16h19)

Joyeux anniversaire ! Avec un poil de retard, Ecrans célèbre la première année de Google Wave. Google... quoi ? Mais si, un petit effort: Google Wave. «W-a-v-e». Projet occulte qui n'est ni une messagerie, ni un chat, ni un Google Docs, mais un petit peu de tout ça à la fois. Présenté le 28 mai 2009, sorti des caisses de Mountain View en septembre, soit près de 6 mois avant son petit frère Buzz. Ah, Buzz ne vous dit rien non plus ? Il faut avouer que ces deux projets d'application sociale ne symbolisent pas les plus belles réussites de Google. Au contraire.

S'il est difficile à avaler, le constat est sans appel: malgré sa «vague» et son «ramdam», Google n'arrive pas à surfer sur le succès des réseaux sociaux, qui restent avant tout pré carré de Facebook. Mais Google ne va pas en rester là.

A l'occasion du premier anniversaire de Wave, on adopte la positive attitude du côté de la Californie. Un coup d'oeil à la fameuse conférence I/O suffit pour s'en persuader. En maître de cérémonie, Lars Rasmussen, à l'origine du projet Wave, ne cille pas : «la vague grossit» et «Google Wave est désormais un produit utilisé à travers le monde» . Et en profite pour annoncer que l'application est désormais ouverte à tous. «Plus besoin d'invitation pour y accéder» , déclare-t-il sous les applaudissements. Pourtant, avec seulement «un million d'utilisateurs actifs à travers le monde» (à comparer aux 76 millions pour Gmail, 300 millions pour Blogger), on n'avait pas l'impression qu'il y avait foule au portillon Wave... Passons.

Sur le Google blog , pas de traces non plus de la réussite molle de GW. Par contre, on y explique combien l'aventure Wave «est un voyage fascinant» . Collaboratrice du projet, Anna-Christina Douglas y raconte en détail comment elle s'en sert pour communiquer avec sa famille : sa maman, «de l'autre côté du pays» , et sa sœur, «une étudiante» . De la pure com' sauce Google, qui évoque d'un même coup les efforts réalisés pour rendre le produit «plus rapide et plus stable» .

Interrogé par Ecrans, Lars Rasmussen décline pêle-mêle les nouveautés de l'application : notifications par mail, possibilité de quitter une vague ou de supprimer un de ses participants, maniabilité augmentée. Citons aussi la dernière innovation en date: le bouton «Wave this» , qui génère une vague à partir d'un article, pour «facilement en discuter avec des amis ou des collègues» . Mais moins une révolution qu'un appel du pied, le premier anniversaire de Google Wave est une seconde chance demandée aux internautes. «Si vous avez jeté un coup d'oeil à Google Wave il y a six mois, et vous êtes sentis un peu perdus, revenez y faire un tour» , presse Anna-Christina.

«Un peu perdus» . Nous y sommes ! Enfin une évocation -- timide -- de ce qui a certainement enterré l'application : une très profonde incompréhension. A quoi peut bien servir Google Wave ? Peu de temps après son lancement, la presse était partagée ; ici même , nous pataugions dans le flou. Sur Twitter, un mème avait engendré : «Got Google Wave... now what ?» («J'ai Google Wave... et maintenant ?»).

Plus éloigné des vitrines officielles de Google, dans une tribune publiée sur le HuffingtonPost , Lars Rasmussen est plus franc et reconnaît, non sans humour, les débuts difficiles de Wave. Mais ne va pas tellement plus loin : selon lui, le «redoutable "Creux du Désenchantement"» dans lequel Wave «a plongé la tête la première» n'est qu'une étape normale dans le cycle d'adoption d'une nouvelle technologie. «Après tout, mon précédent projet, Google Maps, est passé par un cycle similaire» , avant d'ajouter que la situation s'arrange : «de plus en plus, des gens disent être capables d'utiliser Google Wave dans leur travail» . Souvent pris en exemple , le journalisme ou l'enseignement, «des lieux où les gens travaillent facilement ensemble» , nous explique Lars Rasmussen. Mais quid des usages privés ? Le papa de GW n'en démord pas : «les gens utilisent aussi Google Wave pour mieux communiquer et collaborer avec des groupes, dans leur vie personnelle.» Ah. «Et nous avons aussi développé du matériel d'entrainement supplémentaire pour aider les utilisateurs à comprendre les nombreuses facettes de Wave» . Un optimisme à toute épreuve, ce Lars Rasumussen. Mais on nous la fait pas : tout de même, Wave n'est plus la priorité de Google, avec Chrome et Android ? «À Google, nous avons plein de projets sur lesquels nous travaillons en même temps, et cela ne signifie pas que certains produits ou initiatives ont la priorité sur d'autres.» Hum.

Difficile d'avoir une vision claire du trajet que Google souhaite donner à Wave. Ici, un an après, on reste tout de même un peu sceptique. Mais peut-être n'avons-nous pas connu le fameux «Wave a-ha moment» (lire «ah aaaah»). Et vous ?

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