Google, à fond les rayons

Le moteur ouvre sa librairie en ligne.
par Frédérique Roussel
publié le 19 octobre 2009 à 0h00

Google bibliothécaire, bientôt Google libraire. A la Foire de Francfort, où il aime à faire des annonces, le moteur de recherche américain a confirmé le lancement au premier semestre 2010 de son service Google Editions. La plateforme permettra d’acheter et de lire des livres numériques sur son ordinateur, mais aussi de n’importe quel terminal connecté à Internet (iPhones, smartphones, ebook, etc.).

Etagères. «Nous ne souhaitons pas être attachés à un lecteur en particulier, être enfermés dans un système propriétaire», explique Philippe Colombet, directeur de la stratégie et du développement de Google France. Cela suppose que le lecteur ouvrira un compte Google, sur lequel il gérera ses étagères virtuelles. Quelque 500 000 ouvrages seront disponibles dès le début, grâce aux partenariats noués avec 30 000 éditeurs dans le monde. Il faut y ajouter le million de titres classiques déjà accessibles dans Google Books au format ePub, lisibles sur les lecteurs mobiles ouverts et connectés.

La guerre est-elle déclarée entre les deux géants américains Amazon et Google ? Le premier dégaine son Kindle dans plus de cent pays avec un catalogue non négligeable accessible dans la minute, mais dont les titres ne sont lisibles que sur sa tablette. Google ne manifeste pour l'instant pas l'envie de créer son propre lecteur et ne favorise pas un support en particulier, mais privilégie la lecture en ligne. De fait, il renforce la position des fabricants qui ont opté pour le format ouvert. Pour la première fois aussi, Google va devenir marchand en vendant des livres sous droit, rétribuant l'éditeur à hauteur de 63% et percevant de son côté 37% du prix. Il met également judicieusement les libraires dans la boucle, puisque les livres pourront être achetés chez d'autres distributeurs en ligne, avec une répartition du prix entre libraires, éditeurs et Google lui-même. «Même en traînant des pieds, éditeurs et libraires vont être forcés de signer avec Google dans la mesure où cela leur apporte des revenus inespérés dans des conditions claires», estime Alain Pierrot d'i2S, société spécialisée dans la numérisation, qui juge «cette annonce inquiétante pour la diffusion et la distribution du livre et du patrimoine culturel».

Impression. En France, peu d'éditeurs ont signé à ce jour avec le moteur de recherche américain, et certains ont déjà ouvert ou préparent leur propre plateforme de vente numérique (Editis, Hachette, Eden-Livres qui rassemble Gallimard, Flammarion et La Martinière). L'annonce tonitruante de Google n'est pas pour les rassurer. «Il ne faut pas qu'on aille trop vite parce qu'on risque de se planter. Il ne faut pas aller trop lentement, sinon on risque de se faire manger», a-t-on pu entendre dans les travées de Francfort. D'autant que la firme de Mountain View a ouvert un autre front : celui de l'impression à la demande. L'Espresso Book Machine permet aujourd'hui d'imprimer en moins de dix minutes n'importe quel classique, notamment ceux numérisés par Google. Une douzaine d'exemplaires de cette machine ont déjà été installés dans des bibliothèques ou des librairies, comme celle de Cambridge, aux Etats-Unis. Le client peut obtenir pour 8 dollars une édition imprimée d'un ouvrage épuisé. Google éditeur ?

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