Apple et Google, la voix de la concurrence

Eric Schmidt, PDG de Google, a quitté le conseil d'administration d'Apple, où il siégeait depuis deux ans. Les deux compagnies ont désormais trop d'activités similaires pour éviter le conflit d'intérêt.
par Alexandre Hervaud
publié le 3 août 2009 à 17h21
(mis à jour le 11 mai 2010 à 12h16)

On a déjà évoqué la position délicate d'Eric Schmidt , actuel PDG de Google, face à Apple, son concurrent direct dans bien des domaines. Au grand dam de la FTC (Federal Trade Commission), Schmidt siège en effet depuis août 2006 au conseil d'administration d'Apple, alimentant évidemment les soupçons de délits d'initiés et d'entente cordiale entre concurrents. La situation a quelque peu évolué cet après-midi avec l'annonce surprise (même si l'information en elle-même ne surprend guère) de la démission de Schmidt du board d'Apple.

Steve Jobs explique cette décision attendue dans un communiqué de presse : «Comme Google s'investit de plus en plus dans les domaines d'activités principales d'Apple, avec Android et maintenant Chrome OS, l'efficacité d'Eric en tant que membre du conseil d'Apple sera diminué de façon significative, puisqu'il aura à s'absenter de nombreuses portions des réunions pour cause de potentiel conflit d'intérêt. Nous avons donc décidé mutuellement que c'était le moment adéquat pour qu'Eric démissionne» .

Ce départ intervient alors que les relations entre Apple et Google ne sont guère au beau fixe, suite au rejet de l'application Google Voice pour iPhone, et la suppression d'applications (pourtant déjà approuvées) liées aux services de téléphonie de Google relativement très appréciée des amateurs, et que la vidéo ci-dessous (en anglais) résume assez bien :

Côté Google, la non validation de l'application sur iPhone six semaines après sa présentation a été reçue avec retenue : «nous continuerons d'apporter nos services aux utilisateurs de l'iPhone, en tirant parti des avancées de navigateurs web mobiles, par exemple» . Derrière ce refus, on soupçonne AT&T;, opérateur exclusif de l'iPhone aux Etats-Unis, d'avoir fait pression pour ne pas voir un concurrent direct débarquer sur l'AppStore. Un soupçon d'ailleurs confirmé par le spécialiste John Gruber sur son blog , citant une source interne. Gruber qui, se faisant l'avocat du diable (ce sont ses propres termes), a fait part de sa compréhension face à la stratégie d'Apple : «Google Voice est un service de téléphonie mobile fourni par le fabricant d'un des principaux concurrents de l'iPhone. Imaginez un instant Microsoft Voice à la place de Google Voice, et que Windows Mobile soit aussi moderne et compétitif qu'Androïd... Seriez-vous alors aussi surpris de voir Apple décourager les possesseurs d'iPhone d'utiliser ce service ?»

Michael Arrington, le patron de Techcrunch, a fait part de moins d'indulgence, jusqu'à écrire, avec la mesure qu'on lui connaît, un billet sobrement intitulé «J'abandonne l'iPhone  ». De son côté, la Commission Fédérale des Communication (FCC) se penche sérieusement sur cette affaire dans le cadre de son enquête sur les contrats d'exclusivité entre fournisseurs d'internet mobile. La FCC a fait parvenir à Google, Apple et AT&T; des questionnaires (un différent pour chaque partie) qu'on imagine d'ores et déjà remplis avec une honnêteté absolue.

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