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Google et Facebook font le court aux liens

par Manuel RAYNAUD
publié le 16 décembre 2009 à 17h29

Facebook et Google viennent de s'inviter dans une nouvelle bataille pour le contrôle des flux sur Internet, celle des « url shorteners ». En français, cela signifie «réducteurs d'adresses» et sur le web, leur importance stratégique est grandissante. TinyURL.com , premier du genre à s'être fait vraiment connaître, a émergé en 2002. Son principe, repris par tous depuis, est simple. Une adresse web est vraiment très longue ? Pas grave, on la lui soumet et il nous en fournit une nouvelle beaucoup plus courte sous cette forme tinyurl.com/cbg4ew . Depuis, il est possible de choisir le mot-clé précis s'il est disponible comme «aufildesjeux». Essayez http://tinyurl.com/aufildesjeux .

Ces services ont explosé avec le développement des réseaux de micro-blogging. Sur Twitter, chaque message ne peut excéder 140 caractères. Pour partager un lien, il est forcément plus pratique de passer par brizz.ly ou l'un des nombreux autres réducteurs de liens dont bit.ly , actuel leader du marché. Ce dernier fournit en plus à l'internaute des statistiques précises sur l'utilisation de son lien, lui permettant ainsi de voir s'il se propage et quels publics il touche.

Avec goo.gl , Google s'insère dans le marché. Pour l'instant, le service n'est accessible qu'avec la barre d'outils de Google ou Feedburner , son outil de flux RSS. Rien ne dit concrètement s'ils vont offrir la possibilité aux utilisateurs de consulter des statistiques comme ils le font avec Google Analytics pour les sites web. Certains commentateurs jugent qu'une fois extraites, ces données pourraient être largement valorisées auprès de publicitaires. Google attendrait de voir l'importance que son goo.gl prendra au fil des mois sur le marché et voir comment il peut le marchander.

Même chose pour Facebook qui vient de lancer fb.me, service qui se destine pour l'instant au marché du mobile. On ne sait pas encore s'ils comptent l'élargir à toutes les plateformes mais on peut deviner leur intérêt à long terme au sein de leur stratégie nommée «Facebook Connect» : devenir un moteur de recherche des connexions sociales. A travers tous les liens qu'ils répertorieront sur fb.me, ils vont pouvoir ainsi affiner les préférences des utilisateurs sur leurs lectures et ainsi hiérarchiser les liens selon leur popularité ou leur viralité.

Bit.ly a anticipé ces mouvements et vient d'annoncer la mise à disposition de comptes professionnels se destinant aux entreprises. Ces comptes permettent, en plus d'offrir des statistiques détaillées, de fabriquer ses propres url raccourcies ( nyti.ms pour le New York Times ) et ainsi de connaître, avant même le clic, la destination finale du lien.

Mais un problème se pose comme l'explique Mark Milian sur le site du Los Angeles Times . Ces noms de domaines sont enregistrés auprès des sociétés installées dans les pays concernés : le .gl de goo.gl est enregistré au Groenland, le .ly de bit.ly en Libye, le .me de fb.me au Montenegro... Si Libération enregistrait li.be, ce serait auprès d'un registar belge. Mais en Australie par exemple, seuls les résidents du pays ont le droit de réserver un .au et en Corée du Nord, uniquement les officiels émanant du gouvernement. Chaque pays a ses règles et l'ICANN, qui accrédite les registar dans chaque pays, n'a pas le pouvoir d'unifier leur fonctionnement ni d'assurer la pérennité des sociétés. Si l'une d'entre elles tombe, alors les liens raccourcis seront perdus. Brizz.ly en a fait l'amère expérience avant que tout ne rentre finalement dans l'ordre.

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