Google: les maîtres du web de passage à Paris

Le géant américain a pour la première fois fait escale à Paris pour annoncer ses nouveaux produits. Récit.
par Christophe Alix
publié le 19 juin 2007 à 20h39
(mis à jour le 20 juin 2007 à 11h10)

C’était le jour de Google à Paris. Pour la première fois depuis les débuts du moteur de recherche, en 1998, l’Etat-major de Google avait donné rendez-vous aujourd'hui à la presse du monde entier à Paris. Pour ce «Google Day», qui aura lieu tous les ans sur un continent différent —l’année prochaine en Asie—, pas de Larry Page ni de Sergueï Brin, les deux créateurs restés en Californie, mais Eric Schmidt, le PDG, et Marissa Meyer, la responsable de l’activité recherche.

La journée a d'abord débuté par l'annonce, déjà révélée la semaine dernière par les Echos, de neuf versions nationales du site de partage de vidéo YouTube (lire article) , racheté 1,65 milliard de dollars par Google en 2006. «Nous voulons créer des programmes uniques à chaque pays et pas simplement traduire» , ont expliqué Steve Chen et Chad Hurley, les deux co-fondateurs de YouTube présents pour l'occasion. Une version française voit donc le jour, plus que jamais concurrente avec le leader français du partage de vidéos Dailymotion. Elle devrait faciliter la navigation des internautes et mettre en valeur les créations locales. Ces derniers mois, YouTube a signé plus de mille partenariats commerciaux avec des médias internationaux comme la BBC, France 24, la chaîne espagnole Antena 3, des clubs de football comme le Milan AC ou le Real Madrid ou des organisations humanitaires, à l'image de Médecins du monde ou Greenpeace. «Nous sommes une plateforme ouverte à tous, plus nous aurons de partenaires, meilleure sera l'expérience de chacun» , a déclaré Steve Chen, dont l'ambition est de mettre YouTube sur «tous les écrans» qu'il s'agisse de mobiles, de télévisions, de balladeurs musicaux et vidéo ou d'écrans d'ordinateurs.

Numéro trois de Google, Marissa Meyer, qui compte parmi les tous premiers employés à être entrés chez Google, a brossé à grands traits la success story de 10 ans de recherche chez Google. Un site indexant «30 millions de pages à ses débuts» et aujourd'hui «plusieurs dizaines de milliards» . Une activité dans laquelle Google surpasse tous ses concurrents, à commencer par un Yahoo en pleine crise, dont le PDG Terry Semel vient d'être démissionné. Selon Marissa Meyer, «Google affiche 50% de plus de réponses que ses concurrents et est trois fois plus gros que le plus proche de ses rivaux» . Parmi les nouveautés qui seront prochainement accessibles à l'ensemble des sites Google dans le monde, Marissa Meyer a vanté le nouveau service de recherche universel donnant simultanément accès à tous les «médias» (texte, photos, vidéo, sons, etc.), le nouveau service de recherche personnalisé Igoogle et un nouveau service de traduction très développé permettant de traduire pages web et résultats des recherches en douze langues. «La limite de mon monde est celle de ma langue , a expliqué Eric Schmidt, et Google repousse cette limite» .

Il a été beaucoup question de la limite de 18 mois que s'est imposé Google dans la conservation des données personnelles. Les instances européennes avaient jugé contraire à la législation le fait de les conserver indéfiniment —ce qui était le cas chez Google avant mars— puis seulement «de 18 à 24 mois» . «Il s'agit d'un compromis raisonnable , a jugé Marissa Meyer, la limite de 18 mois est suffisante pour bien connaître l'historique d'un internaute et le servir le plus efficacement possible» . Elle a cependant ajouté qu'au cas où Google recevrait le «consentement explicite de l'utilisateur» comme avec son programme personnalisé et volontaire «d'opt-in» , les données pourraient être conservées plus longtemps. «Et plus de données, c'est plus de performances dans les résultats de recherche apportés à l'utilisateur» , a-t-elle dit.

Google a également voulu placer cette journée sous le signe de l'environnement —le logo était écrit en vert— en se présentant comme un champion du développement durable et de la lutte contre le réchauffement. «Google sera neutre en termes d'émission de CO2 en 2008» a expliqué le responsable de son programme environnement, le Suisse Urs Holzle. Un programme qui passe par d'importants investissements dans les énergies renouvelables —les toits du siège de Mountain View, en Californie, sont couverts de panneaux solaires—, un système de ventilation et de refroidissement à la vapeur d'eau de ses très nombreux centres serveurs (permettant d'économiser 50% de consommation énergétique) et le développement d'actions «de compensation» dans les voitures non polluantes. «Google montre l'exemple , s'est félicité le photographe Yann Arthus-Bertrand, présent, mais l'an prochain, le Google Day devra avoir lieu par visioconférence et sans climatisation» , a t-il souligné.

Ce fut enfin le tour de Eric Schmidt, venu avec son téléphone Iphone d'Apple, qui révéla profiter de son séjour parisien pour rencontrer Bruno Racine, le nouveau président de la Bibliothèque de France, chef de file du projet Europeana, concurrent de Google Print (lire article) . «L'Europe représente un énorme marché pour nous , a-t-il expliqué, et Google a démocratisé l'accès à l'information via l'Internet. Voilà pourquoi nous sommes à Paris, le pays de la liberté-égalité-fraternité» . Une devise écrite au dos des tee-shirts du personnel de Google présent lors de cette journée.

Eric Schmidt a défendu les investissements de Google en Chine, «un pays où le trafic Internet, la création de blogs et de forums sont en plein boom» . Il a fait l'éloge de la nouvelle culture «virale» qui est celle de l'Internet et de Google, a défendu son modèle de publicité par les liens sponsorisés «plus précis et plus efficace pour les annonceurs» et s'est félicité qu'il ait pu rapporter 3 milliards de dollars de recettes à ses milliers de sites partenaires l'an dernier. «Nous avons généré 10 milliards de dollars de bénéfices grâce à la publicité qui représente 97% de nos revenus , a-t-il dit, et ce n'est que le début. Je ne vois pas de limites à ce nouveau marché» . Pas de doute, les nouveaux maîtres du monde étaient bien de passage à Paris.

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