Google limites

par Pierre Marcelle
publié le 31 mai 2008 à 3h41

Cheval de course de notre toujours-plus-vite de toutes nos illusions, le moteur de recherche, qu'il s'appelle Google, Voila ou Yahoo, n'a pas réponse à tout. Le paradoxe est que sa capacité à trouver n'est pas proportionnelle au nombre de critères qu'on lui suggère.

Nous nous disions cela, le mois dernier, au terme épuisé d'une tentative d'identification de la reproduction illustrant un avis d'exposition consacrée à l'expressionnisme allemand. Nous étions quatre, sous l'affiche punaisée au mur, qui nous précisait bien sûr les dates de l'expo (automne hiver 92-94), et son site (le Musée d'art moderne de la Ville de Paris). L'une d'entre nous ayant reconnu, dans cette figuration d'une enfant aux cheveux rouges et d'un corbeau géant, la manière d'Emil Nolde, c'eût dû nous être une formalité que de restituer à l'oeuvre son intitulé. Google nous dirait.

Le plus proche du plus proche clavier s'y colla, auquel on fit l'aumône d'un peu d'attention, mais trois ou quatre minutes passèrent qu'il était encore bredouille. Des sarcasmes impatients fusèrent, de nous autres pressés de passer à autre chose. Alors, à tour de rôle, chacun, fustigeant l'incompétence du précédent, s'y essaya à sa façon. Tel surchargea la requête, telle tenta de contourner l'obstacle en sollicitant le musée exposant plutôt que le peintre exposé, tel enfin jeta en pâture au moteur, derrière le nom de Nolde, des «Kinder» (enfants) et des «Raben» (corbeaux) susceptibles de titrer le tableau dans la langue du peintre. Et chacun finit par jeter l'éponge. La machine avait craché plusieurs centaines de milliers d'oracles, mais rien de l'huile figurant une enfant avec des cheveux rouges et un gros oiseau noir, même pas recensée dans la catégorie «images» de Google.

Une semaine plus tard, un comparse nous donna la clef. S'il n'avait visité le Brücke Museum de Copenhague et n'en avait rapporté un catalogue, nous chercherions encore.

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