Symbole de la défense des espèces en voie de disparition, le panda se lance aujourd'hui dans un nouveau combat : soutenir les «sites Web de qualité» en leur offrant «un meilleur référencement» . Aux manettes de cette opération spéciale au nom de code révélateur, Google s'attaque donc par extension au problème du sur-référencement de sites comme les comparateurs de prix et agrégateurs de contenus, grâce à une mise à jour des algorithmes de son moteur de recherche. Du nom de la boule de poils noire et blanche, celle-ci vise en effet à mettre ces sites en retrait dans les résultats de recherche de Google. Lancée en février aux Etats-Unis et en avril au Royaume-Uni, elle est arrivée vendredi en France et est désormais utilisée dans tous les pays, Chine, Japon et Corée exceptées où Google continue de «tester des améliorations potentielles» liées au langage.
Panda compte parmi les centaines de mises à jour effectuées chaque année par Google sur ses algorithmes et aurait pu paraître, à ce titre, anecdotique. Mais les nouvelles règles mises en place ne font pas que des heureux, principalement parmi les sites qui pratiquaient jusqu'alors avec brio l'art du SEO (search engine optimization) ou comment parvenir grâce aux critères retenus par les algorithmes de recherche à truster les premières places sans forcément justifier d'un contenu propre. Sur son blog , Google relativise l'influence de Panda, expliquant que la «mise à jour impacte les résultats perçus par les utilisateurs pour en moyenne 6 à 9% des requêtes, tous langages confondus.» . L'entreprise rappelle également qu'à son lancement aux Etats-Unis, Panda concernait 12% des résultats, avant que Google n'affine sa mise à jour.
Mais pour les principaux intéressés, l'impact est bien plus important. Lancé il y a quelques jours à peine, Panda aurait déjà fait des victimes. Bastien Duclaux, cofondateur du comparateur de prix Twenga estimait dimanche dans un tweet des «pertes de visibilité de 81% pour ciao et achetezfacile, 77% pour leguide, 76% pour shopping, 60% pour kelkoo d'après nos outils» . De son côté, le site Ranking Metrics confirme la tendance mais ses chiffres différent. Ainsi, wikio.fr aurait perdu 55% de visibilité, ciao.fr 51%. Twenga.fr, achetezfacile.com, leguide.com et shopping.com se situeraient entre 43 et 35%. D'autres sites ont en revanche, et logiquement, gagné en visibilité. Le 12 août, cela aurait été le cas de cherchons.com (28%), priceminister.com (21%), amazon.fr (21%), cdiscount.com (19%) et rueducommerce.fr (18%). aufeminin.com, clubic.com, pixmania.com, linternaute.com, doctissimo.fr et à moindre échelle kelkoo.fr. Une autre étude réalisée par Searchmetrics affiche des résultats similaires, les principaux perdants sont toujours Wikio (75%) et Ciao (62%), ainsi que des sites de bons de réduction et des agrégateurs de contenus. YouTube gagnerait en revanche 52% de visibilité, Dailymotion 43% et Wikipédia 8% tandis qu'informer.com et freenews.fr atteindraient respectivement les 96 et 84%.
Pour les entreprises lésées, ces résultats entraînent de multiples questions, pour la plupart relatives à une recette magique qui permettrait de nouveau de figurer dans les premiers résultats de recherche. Google leur répond et leur fait la leçon, dans un petit guide pour créer un site de qualité , guide qui ne fournit évidemment aucune des astuces attendues. «Le conseil que nous donnons aux éditeurs est toujours le même : faites le nécessaire pour satisfaire au mieux les internautes qui visitent votre site Web et ne vous préoccupez pas inutilement des algorithmes ou des paramètres utilisés par Google pour le classement. Certains éditeurs ont considéré, à tort, que Panda était la cause de la baisse de leur site dans le classement, alors qu'il ne s'agit que de l'une des quelque 500 améliorations que nous avons prévu d'apporter à la Recherche Google cette année. D'ailleurs, depuis le lancement de Panda, nous avons également appliqué une dizaine de modifications mineures supplémentaires à nos algorithmes de classement. La recherche est un mécanisme très complexe, en constante évolution. Aussi, plutôt que de vous inquiéter des conséquences de telle ou telle modification apportée à nos algorithmes, nous vous conseillons plutôt de réfléchir aux moyens de satisfaire au mieux vos visiteurs.»
Bien gardé, le secret autour des algorithmes autorise à émettre pour certains des soupçons sur la démarche de Google, l'entreprise étant par ailleurs accusée sur d'autres dossiers d'abus de position dominante en Europe. Pour Bastien Duclaux par exemple, le bon placement de Google Shopping pose question alors que d'autres sites comme Ciao.fr -- appartenant à Microsoft -- connaissent une baisse de leur visibilité. Mais Panda vise avant tout à améliorer le moteur de recherche et ses résultats. Et il semblerait qu'il en ait besoin. En effet, selon un rapport d' Experian Hitwise , les recherches sur Bing seraient plus efficaces aux Etats-Unis que celles sur Google. Le moteur de recherche de Microsoft - 30% de part de marché aux USA - mènerait dans 80,04% des cas à une visite d'une des pages suggérées dans les résultats de recherche, contre 67,56% des cas sur Google. Réalisée en juillet alors que Panda était déjà actif, l'étude semble montrer qu'en termes de «meilleur référencement» , Google a encore du pain sur la planche.