Google se met au jus et polit son image verte

par Christophe Alix
publié le 9 mars 2010 à 10h29

Moteur de recherche, libraire, opérateur de services pour mobiles, hébergeur et diffuseur de vidéos, agrégateurs de journaux et maintenant… marchand d'électricité ! La liste des domaines d'activité investis par Google s'est enrichie fin février d'un nouveau métier. Officiellement, il s'agit pour ce très gros consommateur d'électricité de se procurer son énergie aux meilleures conditions en bénéficiant de tarifs au prix de gros. Mais comme l'explique Niki Fenwick, porte-parole de Google, les ambitions du moteur de recherche pourraient ne pas se limiter à l'achat d'électricité pour son propre compte : «Nous souhaitons pouvoir acheter et vendre de l'électricité au cas où cela viendrait à faire partie de notre éventail de services» , déclarait-il récemment en maintenant le mystère sur les activités futures de la firme.

De nombreux spécialistes pensent que Google prépare déjà le coup d’après, c’est-à-dire la revente du surplus d’électricité non consommée auprès des professionnels. Baptisé Google Energy, la nouvelle branche s’est immatriculée dans l’État du Delaware et a obtenu de la Commission fédérale de régulation de l’énergie le statut de distributeur et marchand d’électricité. Une licence déjà acquise par des sociétés fortement consommatrices d’énergie comme les distributeurs Wal-Mart et Safeway, qui ont créé leurs propres filiales afin de se procurer leur électricité aux meilleures conditions de marché.

Très actif dans les énergies renouvelables, Google revendique une «neutralité carbone» depuis fin 2007 (le fait de compenser ses émissions de dioxyde de carbone dans l’atmosphère). Grâce à sa licence, il va pouvoir acheter l’électricité directement auprès de ceux qui la produisent à partir d’énergies renouvelables. A commencer par lui-même. La société a installé sur les toits de son siège californien 10 000 panneaux solaires. Soit l’une des plus grosses centrales photovoltaïque d’Amérique du Nord. Elle produit 1,6 megawatt-heure, ce qui ne couvre qu’une toute petite partie de ses immenses besoins. Au total, Google gère plusieurs dizaines de centres serveurs dans le monde -- leur localisation exacte et leur nombre ne sont pas communiqués -- qui consomment en moyenne 50 mégawatts chacun, soit la puissance d’un réacteur nucléaire. Si Google ne communique pas non plus sur sa douloureuse facture énergétique, on peut néanmoins l’estimer à plusieurs centaines de millions de dollars par an.

Ce nouveau statut d'électricien vient compléter les investissements de Google dans des start-up de la nouvelle vague green-tech californienne. Dotée de 500 millions de dollars, la fondation Google.org participe au financement de divers projets dans les domaines du solaire, de la géothermie et de l'éolien à haute altitude. Au total, Google consacre 10% de ses ressources à des projets liés à l'environnement dont certains visent directement le grand public. C'est le cas de Powermeter , un logiciel permettant aux particuliers de mesurer et maîtriser leur consommation d'électricité. Avec ces nouveaux outils, regroupés sous l'appellation de «smart grids» et dans lesquels investissent les géants de l'électricité et d'Internet, les réseaux électriques deviennent intelligents et bien plus économes. D'après une récente étude du cabinet de conseil Accenture, le simple fait d'informer en temps réel les ménages sur leur consommation leur fait réaliser entre 5 et 10% d'économies d'énergie.

Paru dans Libération du 8 mars 2010

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