Google va trouver son chemin tout seul

par Camille Gévaudan
publié le 13 octobre 2009 à 16h54
(mis à jour le 13 octobre 2009 à 17h11)

Multiplication des trajets effectués par les voitures (ou tricycles) Google, nouveau partenariat avec un satellite d'imagerie terrestre, ajout de fonctionnalités permettant aux internautes d'améliorer les cartes de Google Maps... Ces derniers temps, une accumulation d'indices laissait deviner que Google cherchait à constituer sa propre base de données géographiques -- peut-être en vue d'une plus grande indépendance vis-à-vis de Tele Atlas.

Les explications sont venues la semaines dernière d'un responsable de Tele Atlas, au cours d'une conférence à Denver : «Tele Atlas confirme que Google a décidé de ne plus utiliser les données topographiques de Tele Atlas pour les États-Unis. Google utilisera désormais ses propres données. Notre relation avec Google continue dans de nombreuses zones géographiques.»

Les services Google Maps et Google Earth utilisent les données de Tele Atlas depuis 2008. Après avoir rompu son partenariat avec Navteq, suite au rachat de ce dernier par Nokia, Google a signé avec TeleAtlas un nouvel accord pour une durée de cinq ans. L'enrichissement est à double sens : TeleAtlas fournit les données topographiques de plus de 200 pays à Google et peut, en échange, récupérer les modifications et corrections faites par les internautes (par exemple sur Google Map Maker ).

Mais la licence d'utilisation des données Tele Atlas est coûteuse, et Google semble avoir perdu au change en abandonnant Navteq en 2008. Leurs cartes sont en effet souvent considérées par les spécialistes et les utilisateurs d'appareil GPS comme moins complètes sur le territoire des États-Unis, et Google Maps avait même prévenu dès le changement de fournisseur que les nouvelles données ne seraient «peut-être pas optimales» . Des centaines d'erreurs et d'informations manquantes ont été rapportées dans les forums de Google Maps et de TomTom (propriétaire de Tele Atlas), et le délai écoulé avant leur correction dépassait habituellement les 6 mois.

Désormais, Google ne veut compter que sur lui-même. Ses Google cars , qui enregistrent les coordonnées géographiques de leurs déplacements en même temps que les photographies des alentours, fournissent les tracés de routes. Ils sont complétés par les données de nombreuses bases librement réutilisables : les fichiers TIGER du Bureau du recensement des États-Unis, ceux du Service national des forêts, du Service des parcs nationaux, de l'organisme de surveillance géologique...

Les internautes continueront de corriger le tout. Un nouveau bouton leur permet de «Signaler un problème», n'importe lequel, sur la carte des États-Unis avec la promesse que Google le corrigera dans un délai d'un mois. La contribution bénévole des internautes est un moyen fort économique de garder les informations exactes et à jour, que Google prévoyait d'étendre depuis un moment. En 2007, Michael T. Jones, directeur de la technologie de Google Earth et Google Maps, expliquait au magazine Forbes que Google n'envisageait pas de racheter une entreprise de cartographie car il «pourrait simplement recréer les données à très peu de frais en exploitant les talents de cartographe de millions d'internautes» . Son idée d' «un wiki de cartes» s'est concrétisé l'année suivante avec l'outil Map Maker -- qui reprend les fonctions de projets libres comme OpenstreetMap sans donner pour autant aux contributeurs le droit de réutiliser leurs propres apports.

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