Royaume-Uni : nouvelles arrestations dans le cadre du scandale des écoutes

The murdogatedossier
publié le 13 mars 2012 à 16h31
(mis à jour le 13 mars 2012 à 16h34)

Rebekah Brooks, l'ancien bras droit de Rupert Murdoch au Royaume-Uni, a de nouveau été arrêtée mardi, cette fois avec son mari, ami de David Cameron, dans le scandale tentaculaire des écoutes qui n'en finit pas d'ébranler le pays. Ce nouveau rebondissement est embarrassant pour le Premier ministre britannique, qui a déjà été contraint à plusieurs reprises de s'expliquer sur ses liens avec la «reine des tabloïdes» et le groupe du magnat des médias.

La police, qui enquête depuis des mois sur les écoutes téléphoniques pratiquées dans les années 2000 par le News of the World (NotW), ex-fleuron de l'empire Murdoch, a annoncé mardi un nouveau coup de filet: elle a interpellé à l'aube cinq hommes et une femme de 43 ans, résidant dans le comté d'Oxfordshire, à l'ouest de Londres. Leur identité n'a pas été communiquée. Mais d'après plusieurs médias, dont Sky, une chaîne partiellement détenue par Murdoch, Rebekah Brooks, âgée de 43 ans et qui habite dans l'Oxfordshire, fait partie des personnes arrêtées. Tout comme son mari, Charlie, un entraîneur de chevaux. Ni News International, la division qui regroupe les journaux britanniques de Murdoch et dont Mme Brooks a été la directrice, ni le porte-parole personnel de la jeune femme n'ont fait de commentaire.

Cette protégée de Murdoch avait déjà été arrêtée en juillet dans le cadre des investigations sur le NotW, dont elle avait été rédactrice en chef entre 2000 et 2003, avant de poursuivre son ascension fulgurante. Celle qui était considérée jadis comme l'une des femmes les plus puissantes du Royaume-Uni est depuis en liberté conditionnelle. Soupçonnée de corruption de policiers et de complicité dans le scandale des écoutes, elle a toujours nié les faits qui lui sont reprochés. Mais elle a dû abandonner la direction de News International cet été, lâchée à contre-coeur par son mentor.

D'après la police, le NotW a fait écouter 800 personnes dans les années 2000 pour glaner des informations alimentant sa machine à scoops. L'ex-tabloïde a été contraint à la fermeture en juillet à cause du scandale. Selon Scotland Yard, les personnes interpellées mardi sont soupçonnées cette fois de «conspiration dans le but d'entraver le cours de la justice» .

Le scandale des écoutes, qui a ébranlé tout l'empire Murdoch, n'en finit pas de faire des vagues au Royaume-Uni, où la police, les médias et la classe politique se sont retrouvés tour à tour sur la sellette pour leurs relations incestueuses avec le groupe de presse. Vingt-deux personnes au total ont déjà été arrêtées dans le cadre de l'enquête, qui n'a toutefois débouché pour l'heure sur aucune inculpation.

D'autres investigations sont menées parallèlement sur des pots-de-vin versés par des journalistes, notamment à des policiers, en échange d'informations. Elles ont donné lieu à 23 autres arrestations, notamment des journalistes du Sun. Une commission spéciale se penche de surcroît depuis plusieurs semaines sur les pratiques des médias.

David Cameron lui-même n'a pas été épargné. Cet été, il s'est retrouvé sous le feu des critiques pour avoir choisi un temps comme porte-parole Andy Coulson, un ex-dirigeant du NoTW, ainsi que pour ses fréquentes rencontres avec les dirigeants du groupe Murdoch. Dernièrement encore, il a dû admettre devant la presse qu'il avait monté un cheval prêté par la police en 2008 à Rebekah Brooks et à son mari, un «bon ami» rencontré il y a 30 ans sur les bancs du prestigieux collège d'Eton. En l'abence du chef du gouvernement, en visite officielle aux Etats-Unis, Downing Street s'est refusé mardi à tout commentaire sur ces nouvelles arrestations, «qui sont de la compétence de la police» .

(AFP)

Lire les réactions à cet article.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique

Les plus lus