Hadopi : 60% des Français approuvent la censure

Selon un sondage BVA, moins d'un tiers des Français désapprouvent la décision du Conseil Constitutionnel.
par Astrid GIRARDEAU
publié le 16 juin 2009 à 17h18
(mis à jour le 16 juin 2009 à 18h48)

Hier soir, BVA a publié un sondage (1), réalisé pour BFM et La Tribune , sur l'action du gouvernement. Une des questions portait sur la censure de la loi Création et Internet , le 10 juin dernier, par le Conseil Constitutionnel.

A la question «Le projet de loi Hadopi du gouvernement visant à lutter contre le téléchargement illégal vient d'être censuré par le Conseil Constitutionnel. Celui-ci refuse qu'une autorité administrative puisse couper Internet aux personnes suspectées de piratage. Dans sa décision, le Conseil a estimé que la liberté de communication et d'expression que permettait Internet était un droit plus important que le droit d'auteur.

Vous personnellement, approuvez-vous ou désapprouvez-vous cette décision du Conseil constitutionnel ?» :

_ - 60 % des Français approuvent

_ - 30% des Français désapprouvent

_ - 10% ne se prononcent pas.

Dans le détail, ils sont 68% à l'approuver chez les sympathisants de gauche, et (quand même) 55% chez les sympathisants de droite. On peut rapprocher ces chiffres d'un autre sondage lui beaucoup moins scientifique, mais à sa façon révélateur, lancé le 10 juin dernier par le site du Figaro . A la question «Approuvez-vous le rejet de la loi Hadopi par le Conseil constitutionnel ?» , ils sont 73,44%, des lecteurs-internautes du site à avoir répondu «oui» (à l'heure où nous écrivons cet article).

Le Conseil Constitutionnel aurait t-il été influencé par une vox populi , numérique et boulimique ? C'est ce que pense notamment Jack Lang, fervent supporter de la loi Création et Internet. « Je dois constater hélas que le Conseil constitutionnel n'est pas coupé du climat actuel, dominé par le consumérisme , indique le député socialiste dans les colonnes du Monde .

«Ce climat a gagné les socialistes. Sous Mitterrand, les droits des créateurs étaient intouchables. Personne n'aurait pu les brader. On ne doit pas sacrifier ses convictions à la mode du moment, au dernier chien qui passe. Mon idée de la culture est exigeante, elle s'oppose à la consommation immédiate.»

Il poursuit : «J'entends dire : "Nous entrons dans une ère nouvelle, post-Malraux et Lang." Pourquoi pas. Attendons que les 1 000 fleurs surgissent...» On peut aussi essayer (enfin) de réfléchir à ce que peut-être l'économie de la culture à l'ère du numérique...

(1) Sondage réalisé, par téléphone, les 12 et 13 juin, auprès d'un échantillon de 1.006 personnes, représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus.

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