Hadopi : 90 Français téléchargent moins

par Camille Gévaudan
publié le 4 novembre 2010 à 19h07
(mis à jour le 4 novembre 2010 à 23h26)

Mille personnes ont été interrogées par l'institut BVA sur leurs pratiques de téléchargement d'œuvres culturelles. Parmi elles, 17% disent avoir déjà téléchargé par des moyens illégaux*. Et parmi ces dernières, 53% affirment avoir «diminué» ou «cessé totalement» ce genre de pratiques depuis le vote de la loi Hadopi. 90 Français ont donc avoué par téléphone avoir modifié leur comportement. «La peur du gendarme, ça marche !» , conclut la Tribune , qui a commandé ce sondage.

«La loi Hadopi n'est donc pas forcément le gadget déconnecté des réalités que l'on pouvait imaginer , renchérit Bruno Vanryb, PDG d'Avanquest. Ce résultat souligne l'importance de la psychologie dans l'impact éventuel d'une législation, et l'influence limitée des militants du téléchargement gratuit pour tous». Outre l'habituel amalgame entre téléchargement gratuit et téléchargement illégal, on s'étonnera de l'étrange idée de Bruno Vanryb selon laquelle les «militants» anti-Hadopi inciteraient les internautes à pirater.

Quant aux chiffres eux-mêmes, ils sont à prendre avec un paquet de pincettes, puisque le petit échantillon interrogé comprend aussi les foyers non connectés à Internet : «un tiers des foyers (selon Médiamétrie) n'a pas accès à Internet, et donc a fortiori ne télécharge pas.» Logique. Ensuite, il faut compter les internautes aussi mal informés que ce pauvre Thierry Lhermitte, un peu largué en matière de téléchargement malgré son implication financière dans la société Trident Media Guard, chargée de surveiller les réseaux peer-to-peer et relever les adresses IP suspectées de piratage pour le compte des ayants droit. Quelques pourcentages de «téléchargeurs légaux» se croiraient donc dans leur bon droit en fréquentant Megaupload et autres Rapidshare. Sans compter les menteurs, bien sûr.

Mais quid des téléchargeurs illégaux qui n'ont ni «continué comme avant» , ni «diminué» ni «cessé totalement» leurs pratiques ? Aucune option ne leur permettait par exemple de répondre qu'ils ont adopté des techniques non couvertes par l'Hadopi, telles le téléchargement direct ou le streaming, ou anonymisé leur connexion par un VPN. L' étude menée en mars par l'Université de Rennes 1 observait pour sa part une hausse non négligeable de la part de «pirates non Hadopi» depuis le vote de la loi.

De leur côté, les Echos s'appuient sur un autre sondage BVA pour avancer que «la culture du gratuit règne toujours sur les biens culturels sur Internet» , puisque 44% des Français «affirment n'être prêts à payer pour "aucun contenu culturel sur Internet"» . Les résultats diffèrent selon le contenu en question : cinéma, musique, livre, jeu vidéo, presse, séries télé... Les films et les morceaux de musique, seuls type d'œuvres concernés par Hadopi, sont ceux qui s'en sortent le mieux avec respectivement 27% et 26% de sondés prêt à «mettre la main à la poche» .

*Mais 11% des Français fréquentent Megavideo, le site de streaming de Megaupload, selon le même article .

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