Hadopi, Free, Sarkozy, et des otages...

par Camille Gévaudan
publié le 5 octobre 2010 à 18h18

Le 12 octobre 2010, plusieurs syndicats de la RATP entreront en grève illimitée. Alors ça, c'est la meilleure ! Ces salauds-de-privilégiés-de-fonctionnaires semblent prendre un malin plaisir à prendre en otage les usagers et leur infliger la galère alors qu'eux-mêmes ne sont pas concernés par la réforme !

Ah non, pardon. On s'est trompé de troll. Rembobinons :

Le 4 octobre 2010, un fournisseur d'accès à Internet est entré en grève illimitée de l'application d'Hadopi. Alors ça, c'est la meilleure ! Cet olibrius de Xavier Niel semble prendre un malin plaisir à prendre en otage ses abonnés et leur infliger la galère alors que lui-même ne respecte pas la loi !

Voilà, c'est mieux. Alors que notre première tentative était une blagounette reprenant les arguments cliché et vaseux des allergiques à la grève, le second paragraphe reprend presque mot pour mot les propos tenus par l'Hadopi à la Tribune , ce matin :

«Free revendique le respect de la loi. Or, il ne la respecte pas. L'envoi des mails est une disposition légale à laquelle il ne se soumet pas. Il est en pleine contradiction légale» , répond la Haute Autorité à l'opérateur réfractaire, qui n'a toujours pas envoyé ses e-mails d'avertissement. Free explique respecter une autre disposition légale, inscrite dans le décret du 5 mars 2010 et prévoyant une convention, à ce jour ni signée ni même rédigée, sur le traitement des données personnelles. Mais l'Hadopi ne veut pas le savoir : «Free, par son comportement, prend en otage ses abonnés» .

En otage, vraiment ? Tout à fait. L'Hadopi n'a pas envie d'être tendre avec l'opérateur rebelle et considèrera donc que tous les abonnés repérés jusqu'à aujourd'hui ont été prévenus. Qu'ils aient reçu l'avertissement ou non. Que cet avertissement ait été envoyé ou non. Au prochain téléchargement sur un réseau p2p, ils passeront directement à l'étape de la lettre recommandée.

Charmant vocabulaire, adopté ces derniers temps par la clique Hadopi... De l'Internet à «civiliser» évoqué d'abord par Franck Riester , rapporteur de la loi, puis par Frédéric Mitterrand , ministre la Culture, aux «otages» de la grève de Free... Un champ lexical au délicieux arôme de ce sarkozysme toujours fin et éclairé. Toujours pertinent et subtil. Toujours nuancé :

«Si on laisse le pillage que représente le piratage prospérer (...) il n'y aura plus de cinéma, il n'y aura plus de disques, il n'y aura plus de livres, il n'y aura plus de créations. (...) Si on autorise le vol, on détruit le processus de la création (...) je ne laisserai pas détruire le livre, je ne laisserai pas détruire le disque, je ne laisserai pas détruire le cinéma, c'est trop important pour notre pays.»

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