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Libération

Hadopi ou la «maladresse» de Sarkozy

par Alexandre Hervaud
publié le 27 avril 2011 à 13h56
(mis à jour le 27 avril 2011 à 15h03)

La campagne présidentielle dans les starting-blocks, l'opération «réconcilions-nous avec l'Internet» du Président de la République est belle et bien enclenchée. Présentant ce matin depuis l'Elysée le tout nouveau Conseil National du Numérique (on y revient très vite), Nicolas Sarkozy a livré un discours en forme de mea culpa (par moments, du moins) sur la politique livrée par son gouvernement en matière de numérique.

Bon, n'exagérons pas : la LOPPSI 2 n'a pas été évoquée, et encore moins le récent décret relatif à la conservation de données personnelles d'internautes par les hébergeurs et fournisseurs de service courroucés . Mais une certaine Hadopi a tout de même pris assez cher dans le discours du Président, cette fois-ci exempt de «zone de non-droit» et autre «Far West» un temps utilisés pour décrire la Toile. «On me dit "est-ce que vous êtes prêts à un Hadopi 3 ?" Bien sûr que j'y suis prêt» , a déclaré Nicolas Sarkozy, avant d'ajouter «et même un Hadopi 4, qui signerait la fin de la Hadopi si vous, acteurs du numérique, réussissez à trouver des moyens de rétribuer justement les créateurs» . Le discours précise également que «Hadopi n'a jamais été une fin en soi (...) C'est, à un moment de l'histoire, une solution trouvée à un impératif catégorique immuable en mon esprit qu'est la défense de la propriété intellectuelle. Est-ce qu'on peut faire mieux ? Sans doute, mais là n'est pas tellement la question» . Euh, un peu quand même.

Parlant d'erreur et de maladresse pour désigner la loi ( «l'intuition que j'avais, c'est qu'on ne pouvait pas (abandonner) les créateurs. Peut-être que la maladresse a été de donner le sentiment que vous étiez attaqués» ), Nicolas Sarkozy a donc utilisé la loi et l'autorité mises en place pour lutter contre le piratage comme exemple de situations que pourrait prévenir le récent CNN : «il ne faut pas rester comme deux mondes qui s'ignorent» .

Une petite phrase de son discours pourra toutefois faire sourire. Au cours d'une ode à la Toile comme soutien libérateur des populations opprimées, Nicolas Sarkozy a versé dans la défense tous azimuts du réseau, parlant d' «une violation inacceptable de la liberté d'expression d'un peuple» pour évoquer «la censure de l'Internet» ou «sa privation collective» . Tout est dans le «collective» , évidemment, car à titre individuel pour punir les téléchargeurs récidivistes du dernier Carla Bruni, la fameuse riposte graduée ne semble pour l'instant pas menacée.

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