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Libération

Haïti, la communication mise à mal

Entre les pannes, la saturation des réseaux et les coupures d'électricité, les communications avec Haïti sont quasi-impossibles.
par Alexandre Hervaud
publié le 14 janvier 2010 à 17h05

«L'électricité et Internet fonctionnent uniquement grâce à des générateurs et batteries, je ne sais pas combien de temps cela pourra continuer, on manque d'essence...» . En un tweet , Troy Livesay, un humanitaire religieux basé à Port-au-Prince résume bien les difficultés de communication qui paralysent Haïti depuis le séisme. D'après les dernières nouvelles collectées par l'agence Canadian Press , les systèmes de communications sont interrompus. «Dans tout le pays, de nombreuses lignes ou "tronçons" sont par terre et donc inutilisables» , explique l'agence.

Denrée rare mais indispensable, le téléphone satellite semble encore être la meilleure solution pour arriver à passer des appels, même si la compagnie Digicel , l'un des opérateurs du secteur, affirme que son réseau est intact. Intact peut-être, mais clairement insuffisant pour répondre à l'importante demande . Digicel a par ailleurs annoncé le départ d'une équipe de secours également chargée de vérifier l'état de ses équipements. Au delà de la saturation et des pannes liées à l'évènement, c'est l'infrastructure même qui pêche par manque de moyen, dans un pays de 9 millions d'habitants où 75% de la population est couverte par les réseaux mobiles.

L'année dernière, le Conseil national des Télécommunications (Conatel), un organisme haitien, publiait une Consultation Publique sur les stratégies d'accès au spectre des réseaux d'accès aux services de communications mobiles à haut débit ( pdf ). Dans ce rapport, également appel à contributions, le Conatel évoque l'évolution des usages en terme de téléphonie cellulaire et internet mobile. On peut y lire : «le nombre de clients aux services mobiles GSM, dont le marché a été créé au début des années 2000, a atteint 3.5 millions fin 2009. (..) Les volumes échangés sur mobile ont doublé en cinq ans entre 2001 et 2006. De plus, l'année 2006 a connu une hausse de 15% du trafic par rapport à 2005» . Le souci dans le cas présent : un grand nombre de téléphones marchent avec des cartes prépayées, difficile à approvisionner dans les conditions actuelles. Sans parler des soucis liés aux pannes d'électricité rendant quasi-impossible la charge des appareils.

«Digicel, restaurez s'il vous plait le service EDGE, que je puisse tweeter dans la rue» , implore Frédéric Dupoux, l'un des observateurs actif sur place via son Twitter . La 3G n'est en effet toujours pas d'actualité en Haïti, le rapport du Conatel s'étant d'ailleurs réjouit de l'arrivée récente du réseau EDGE qui «a augmenté les débits à plus d'une centaine de kbit/s» . A défaut de pouvoir joindre efficacement le pays en détresse, les pays étrangers peuvent malgré tout utiliser leurs portables à bon escient : en quelques heures, plus de 3 millions de dollars ont ainsi été récoltés par la Croix Rouge via SMS.

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