Menu
Libération
Critique

Hollywood, bras armé du Pentagone

par Bruno Icher
publié le 2 novembre 2007 à 1h15

Une chronologie rigoureuse des films de guerre tournés par Hollywood est la plus éloquente démonstration des liaisons dangereuses qui unissent l'industrie militaire à celle du cinéma. Le film d'Emilio Pacull, Hollywood Pentagone, se charge d'éclairer les dernières zones d'ombre de ces tournages sponsorisés par le Pentagone, qui met à disposition instructeurs et matériel militaire (de la Jeep de collection au porte-avions en activité) pour aider les films «méritants».

Au besoin, l'armée demande que certains passages disparaissent du script. Les divers intervenants reviennent sur cette étrange association, où tout le monde a compris depuis longtemps quels bénéfices réciproques l'enthousiasme pour les valeurs martiales et la glorification des héros de l'Amérique, pouvaient engendrer. Au terme d'un tel réquisitoire, l'amère sentence du journaliste David L. Robb reste longtemps à l'esprit : «Je me demande combien de gamins se sont engagés pour le Vietnam ou pour l'Irak après avoir vu ce genre de films.»

En plus de ce documentaire, les éditions Montparnasse ont eu la riche idée d'ajouter en bonus royal Let There Be Light, docu de John Huston, tourné à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le jeune réalisateur avait planté sa caméra dans un hôpital militaire chargé de requinquer les jeunes soldats en état de stress post-traumatique. On ne perd pas une miette des souvenirs obsédants, catatonies, bégaiements compulsifs et autres brutales crises de larmes de ces gaillards honteux de leur faiblesse dans un monde qui ne l'a jamais encore admis. Le film tape encore dans le mille aujourd'hui, comme un écho à la sanglante et pourtant banale actualité irakienne.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique