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Libération
Critique

«Humains», entre Néandertal et néant total

Expédition. Deux Français s’essaient au fantastique et signent, malgré eux, un nanar grandiose.
par Gilles Renault
publié le 22 avril 2009 à 6h52
(mis à jour le 22 avril 2009 à 6h52)

Inutile de se la raconter : le cinéma français et le fantastique n'ont jamais entretenu des relations durablement cordiales. A telle enseigne qu'à de rares exceptions près, les cas de naufrages sont fréquents. Il en aurait cependant fallu plus pour débrancher Jacques-Olivier Molon et Pierre-Olivier Thévenin. Le premier a jusqu'à présent donné dans les maquillages et le second plutôt du côté des effets spéciaux, de part et d'autre de l'Atlantique. Les deux hommes cosignent Humains, qui peut faire date, mais pas pour les raisons escomptées. «Aventure scientifique à la frontière entre la fiction et le plausible», l'énigme se tapit dans un coin reculé des Alpes suisses, la vallée du Lötschental, où une «expédition à la con» - ainsi que la décrit un des encordés -, atterrit au fond d'une crevasse sur les traces d'hommes de Néandertal encore actifs !

Pourquoi pas, pensera le cinéphile intrépide ? Oui, seulement il y a un hic : TOUT (mise en scène, casting, dialogues) part en sucette. Avec Lorànt Deutsch déguisé en Shia Labeouf et Sara Forestier qui aurait mieux fait de céder sa place à Paris Hilton, quelques situations peuvent ainsi devenir cultes auprès d'un public averti. Par exemple quand le premier - oubliant une scène sur deux qu'il a un genou abîmé et doit boiter - lance, furibard : «Les gâteaux, ça se partage !» Ou lorsque la seconde, coincée la nuit dans une grotte entourée de créatures menaçantes, s'exclame avec l'entrain d'Anne-Gaëlle Riccio dans Fort Boyard :«OK, je vais chercher du bois !»

Pochade extravagante qui s'ignore, Humains part ainsi en lambeaux, dévalant la pente les quatre fers en l'air entre «la Montagne a des yeux» et «GRRRrrrr !!!» à la sauce «Blair Witch» passablement épaisse. D'abord yodlée sur un mode censément documenté (caution : Michel Brunet, professeur au collège de France), l'odyssée vire ensuite au sanguinolent, jusqu'à titiller le gore et s'effondrer, faute de combattants. Ce qui laisse in fine à Humains un espoir de survie purement théorique : tel quel, le film a tout pour effrayer les enfants et faire se gondoler les plus grands.

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