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Libération

Il y a la révolution, et la Révolution™ par Free

par Camille Gévaudan
publié le 6 mai 2011 à 16h54
(mis à jour le 6 mai 2011 à 17h07)

Gare à vos fesses, Desmoulins, Blanqui, Robespierre ! Au recyclage, manuels scolaires ! Au tribunal, livres d'histoire ! L'actualité juridique risque d'être chargée durant les prochains mois : à cause d'un tout petit communiqué de presse de rien du tout, v'là t'y pas que Free s'est mis en tête de revendiquer la propriété du terme «Révolution». On est pas dans la merde...

Selon le dictionnaire de l'Académie française, le sens figuré d'une «révolution» (le propre ayant trait au mouvement des corps célestes) est pourtant on ne peut plus générique : le terme «se dit figurément du changement qui arrive dans les choses du monde, dans les opinions...» Ou dans le secteur de la téléphonie -- pourquoi pas ? Un opérateur projetant de casser les prix des forfaits mobiles a ainsi décidé, la semaine dernière, de lancer une campagne de comm' (ou de «buzz», diront certains) habilement ficelée sous le nom alléchant de «révolution du mobile». Un site Internet , un compte Twitter et une page Facebook ont été ouverts, sans révéler la moindre information sur le nom de l'opérateur en question ou le contenu de l'offre à venir. Il n'y a qu'une date -- le 11 mai --, et ce slogan de «révolution du mobile» à se mettre sous la dent.

Il n'en fallait pas plus à Free pour se fâcher tout rouge et envoyer, via son avocat, une drôle de missive à l'auteur du buzz : «Tout d'abord, il ne vous aura pas échappé que la société Free a lancé la Freebox révolution dont l'atout majeur et il faut le dire révolutionnaire, est d'intégrer les appels vers les mobiles dans le forfait abonnement.» Notez bien, cher concurrent : on était prem's sur la Révolution™. «Ensuite, vous n'êtes pas non plus sans ignorer, que fidèle à l'image du groupe Iliad-Free qui a révolutionné le marché des communications électroniques ces dernières années, la société Free Mobile se propose d'en faire autant dans le secteur de la téléphonie en 2012.» Comprenez le problème, cher concurrent : l' INPI a refusé de nous enregistrer le nom Révolution™, mais on avait au moins réussi à convaincre les technophiles et la presse de nous accorder l'exclusivité du calendrier révolutionnaire le temps de fignoler notre réseau 3G... «C'est pourquoi, depuis des années également, le public et la presse ne s'y sont pas trompés et qu'à leurs yeux, Free est régulièrement synonyme de "révolution".» On n'est pas prétentieux, cher concurrent, juste réalistes : la Révolution™, c'est nous.

«Ainsi mes clients m'ont chargé d'attirer votre attention sur le problème que pourrait poser votre communication et font toutes réserves sur les préjudices de toute nature qui pourraient en découler» En voilà une bonne technique d'intimidation !

Dénouement de l'affaire mercredi prochain à la conférence de presse organisée par le mystérieux opérateur, très fier d'avoir vexé la bande à Niel, et que les Sherlock Holmes en herbe soupçonnent d'être Numericable . En attendant, sa page Facebook promet de dévoiler les détails de l'offre «demain à midi» .

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