Mercredi soir, Apple organisait à San Francisco, aux Etats-Unis, une de ses conférences dont l'entreprise de Cupertino a le secret: une présentation bien rythmée alternant jolis chiffres et annonces de jolis nouveaux produits, si possible en faisant passer le moindre renouvellement de gamme pour une véritable révolution. Cette fois, Apple a mis à jour sa gamme Ipod, ses baladeurs audio qui dominent largement le marché: de nouveaux modèles avec des coloris différents, la possibilité de lire des vidéos et une capacité de stockage augmentée. Seule véritable nouveauté : l'Ipod Touch, un baladeur à écran tactile et possibilité de connexion Internet par Wifi. Ce modèle, très attendu par les fans de la marque à la pomme puisqu'il marque la première grosse évolution d'Ipod depuis son introduction en 2001, ressemble en fait comme deux gouttes d'eau à l'Iphone lancé fin juin par Apple. Principales différences : l'Ipod Touch ne fait pas téléphone, et il est un peu moins cher.
L'ipod Touch coûte en effet 300 dollars (309 euros en France) dans sa version embarquant 8 Go, et 400 dollars (409 euros en France) avec 16 Go. Un prix déjà élevé, mais qui semblait presque donné par rapport à l'Iphone. Jusqu'à hier, l'Iphone coûtait en effet 600 dollars dans sa version 8 Go. Pour uniformiser sa gamme, Steve Jobs, patron d'Apple, a donc annoncé lors de sa conférence une baisse du prix de l'Iphone. Le modèle 8 Go, lancé fin juin, a perdu 200 dollars, le tiers de son prix, et est désormais vendu 400 dollars. La vente de l'Iphone 4 Go, considéré comme un échec commercial, est elle tout simplement arrêtée. Alors que les annonces d'Ipod avaient jusqu'alors créé un buzz plutôt positif, cette baisse de prix soudaine n'a pas été bien reçue. L'action Apple, en hausse depuis le début de l'année, a perdu 5,12% avant la clôture des marchés. «Personne n'attendait cette annonce. Les gens étaient choqués, ils restaient bouche béé , explique le journaliste Erik Savitz de Tech Trader, présent dans la salle. La baisse de prix a effacé pratiquement toutes les bonnes impressions laissées par les annonces précédentes.» Et Savitz d'enfoncer le clou: «Que cela ait ou non été prévu, baisser le prix d'un tiers deux mois à peine après le lancement, cela ressemble à une mesure désespérée.»
Et de fait, si les ventes de l'Iphone à sa sortie étaient bonnes (le téléphone d'Apple a été le smartphone le mieux vendu en juillet aux Etats-Unis), l'objectif d'un million de ventes à fin septembre semblait difficile à atteindre. Mais pareille baisse de prix, aussi tôt et pour un gadget aussi coûteux, ne pouvait que déclencher une bronca parmi les premiers clients, scandalisés d'avoir payé leur téléphone 200 dollars trop cher. Les forums d'Apple sont d'ailleurs déjà remplis d'internautes ayant du mal à croire à l'annonce, tant ils ont l'impression de s'être fait arnaquer. Pour ceux qui ont acheté leur téléphone dans les 14 jours, Apple propose un remboursement de la différence . Et pour les autres ? La réponse de Steve Jobs ne devrait guère satisfaire ses clients: «C'est la technologie. Si vous avez acheté votre Iphone ce matin, retournez voir le vendeur et demandez un remboursement. Si vous l'avez acheté il y a un mois... Eh bien, c'est le genre de choses qui arrivent avec la technologie.» Une réponse cynique qui masque complètement l'objectif officiel de la baisse de prix: «A l'approche des fêtes, nous voulons rendre l'Iphone plus abordable pour plus de gens.» Une attention gentillette, mais qui pourrait bien marquer la fin de la lune de miel entre Apple et ses clients.
Mise à jour: Vendredi matin, Steve Jobs a mis en ligne sur le site d'Apple une lettre ouverte à destination des premiers clients de l'Iphone. Le patron de la firme de Cupertino s'excuse de les avoir «déçu» et offre, pour ceux qui ne pourront se faire rembourser la différence de prix, un avoir de 100 dollars à valoir dans les boutiques de la marque.