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Joseph Stiglitz : Il faut un système pour inciter à la création du savoir

Joseph Stiglitz, Prix Nobel d'Economie, milite en faveur de la contribution créative.
par Joseph Stiglitz
publié le 16 septembre 2009 à 11h59

Joseph Stiglitz était l'invité de Libération pour son édition du 15 septembre 2009.

A quoi sert la propriété intellectuelle? Nous avons besoin d’un système pour inciter à la création de ce bien public qu’est le savoir. Or, la restriction à l’utilisation de ce savoir, soit le système de la propriété intellectuelle, est inefficace. D’autres modèles existent : les aides du gouvernement ou la redistribution des royalties par des organismes de collecte, par exemple. Les progrès technologiques permettent d’améliorer ces systèmes dans des proportions considérables.

D’autant qu’essayer de maintenir coûte que coûte le système existant est une trop lourde charge financière alors que les bénéfices se réduisent. Le principe d’une contribution raisonnable par utilisateur, à laquelle s’ajouterait une aide du gouvernement au titre de la recherche, est un bon système. Je me montre optimiste sur l’hypothèse d’un nouveau modèle. Imaginons que chaque possesseur d’ordinateur verse annuellement une contribution à la hauteur de ce qu’il télécharge ou de ce qu’il regarde et écoute par le biais de cet ordinateur. Il garderait une trace de sa consommation, et des organismes spécialisés reverseraient aux artistes le fruit de cette consommation. Si nous ne nous approchons pas d’un modèle de ce type, nous nous dirigeons vers une dérive comparable à la contrebande. Quand des produits deviennent trop chers, les consommateurs contournent le système pour acheter moins cher. Sauf que, ici, le coût est égal à zéro. Cela suppose aussi des modifications profondes des circuits de production.

Les producteurs dont le métier consistait à apporter la musique des artistes aux consommateurs n’ont plus leur raison d’être aujourd’hui. C’est comme si on cherchait à sauver l’industrie du cheval et des cochers à l’ère automobile. En revanche, leur métier peut très bien évoluer vers une dimension plus éditoriale, pour guider les consommateurs vers tel ou tel type de musique.

Paru dans Libération du 15 septembre 2009

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