Jusqu’Ubuntiste

La version condensée de «Linux: Le journal d'un novice», telle que parue dans Libération, le 29 novembre.
par Erwan Cario
publié le 1er décembre 2008 à 10h41

Fin octobre, un bouquetin intrépide a débarqué sur des milliers d’écrans. Il s’agit de la version 8.10 de la distribution Linux Ubuntu, Intrepid Ibex en VO. Hein ? Mais pourquoi donc ­Libération se met-il à parler de ce genre de trucs obscurs qui ne concernent qu’une poignée d’informaticiens barbus ? Sans doute parce que cette idée reçue n’a plus de raison d’être. Linux, qui est un système d’exploi­tation au même titre que Windows de Microsoft et OS X ­d’Apple, se tourne vers le grand public et ­devient petit à petit très accessible. Récit d’une transition pas si ­compliquée.

J - 17. Seize ans. Seize ans que j'utilise Windows. En tout cas ­depuis mon premier PC, en 1992, qui tournait sur Windows 3.11. Pourquoi en serait-il autrement pour ce nouveau portable ? Parce qu'au­jourd'hui, on a le choix. On peut juste se demander quel est le système qu'on va utiliser. Juste se poser la question. Ce portable n'étant pas destiné à faire tourner des jeux vidéo, un petit bilan des applications s'impose. Internet ? J'utilise Firefox. Bureautique ? C'est Open Office. Vidéo ? Un petit programme qui s'appelle VLC, etc. Ils fonctionnent sous Windows, mais ce sont des logiciels libres. Et ils tournent naturellement sous Linux, système libre par excellence. Et parce qu'il est libre, Linux est gratuit (1). La réponse semble donc évidente. Mon portable tournera donc avec Ubuntu, la version (on appelle ça une «distribution») de Linux la plus accessible au néophyte.

Jour J. Je reçois (enfin !) la bête. Je l'allume. En guise de bienvenue, pas de «Windows», mais un joli «Ubuntu». Déjà, ça semble étrange. En introduction, il me demande juste de choisir un identifiant et un mot de passe. Trois clics plus tard, je découvre l'interface. Sobre, fonctionnelle. Un menu «applications» pour avoir accès aux programmes. Un menu «raccourci» qui permet d'ouvrir l'explorateur de ­fichiers avec des liens directs vers des répertoires «photos», «vidéo», «musique». Mon réseau Wi-fi est repéré. Je rentre la clé de sécurité, et hop, c'est connecté. Presque trop simple.

J + 1. C'est pas tout ça, mais pour utiliser un ordinateur pour autre chose que lampe d'appoint, il faut des logiciels. Un Windows tout nu, à part jouer au démineur, ça ne sert pas à grand-chose. Le principe même de la distribution, qui est une sorte de compilation de logiciels de base, change tout. Chaque distribution de Linux (les autres s'appellent Debian, Mandriva ou Fedora) est donc livrée avec sa propre sélection. Pour Ubuntu, on retrouve donc, dès la première mise en route, Firefox, OpenOffice, un logiciel de musique, un autre de vidéo, un gestionnaire de photo, etc. Et un démineur !

J + 3. Linux, c'est sérieux, c'est austère, ça rigole pas. En tout cas, c'est ce que je me disais. Mais là, depuis quelques heures, je m'amuse à faire gigoter des fenêtres comme des Flamby, à les regarder se consumer quand je les ferme, le tout dans une surcharge d'effets visuels délirant. Je désactiverai ça : rigolo mais ­encombrant. Il y a même le truc terrible qui s'appelle «le cube». Un coup de souris bien placé, et zwing, l'espace de travail passe en 3D. Et on peut alors changer de bureau. C'est un peu le truc que montre tout utilisateur de Linux qui veut épater la galerie. Mais ça marche…

J + 7. Tout n'est pas rose, dans Linux. Des fois, avouons-le, on ne sait pas trop comment faire. Pour les gens normaux, qui ne sont pas nés un clavier dans les mains, la solution est alors d'appeler au secours l'ami-qui-s'y-connaît. C'est presque un impératif, d'avoir dans ses relations l'ami-qui-s'y-connaît. Mais ce n'est pas toujours évident sous Windows, alors sous Linux… Avec Ubuntu, il y a mieux : c'est la communauté-qui-s'y-connaît. On la retrouve par exemple sur Ubuntu-fr.org. Là, il y a généralement déjà la réponse à la question qu'on se pose. On cherche dans la documentation et si la fiche existe, on sait que notre problème est presque résolu. Sinon, on va sur les forums. Et là, c'est dingue le nombre de gens qui ont déjà eu le même souci ! Et plusieurs bons samaritains auront expliqué comment s'en sortir. On peut aussi lire Simple comme Ubuntu, un ouvrage qui prend le débutant par la main. En téléchargement libre sur Framabook.org (15 € en version papier).

J + 135. Plus de quatre mois sous Linux et aucune envie de revenir en arrière. J'utilise mon portable quotidiennement sans problème. La dernière version d'Ubuntu, Intrepid Ibex, est sortie fin octobre, et j'ai mis mon système à jour automatiquement en quelques clics. C'est toujours aussi impressionnant.

Ce week-end, à la Cité des sciences et de l’industrie, à Paris, se tient l’Ubuntu Party. Pleins de sympa­thiques connaisseurs seront là pour aider les néophytes à s’y retrouver. Idéal pour une première rencontre avec ce gentil bouquetin.

(1) Mise à jour 1er décembre : Bon, j'ai laissé la phrase d'origine telle que parue dans Libération, mais il s'agit d'un raccourci maladroit. Ce qu'il fallait écrire, c'est «Et parce qu’il est libre, on peut avoir accès à Linux gratuitement». En effet la deuxième liberté d'un logiciel libre est celle de pouvoir le redistribuer et donc d'aider son voisin. A aucun moment, le logiciel libre est défini comme étant «gratuit».

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A lire également sur Ecrans.fr :

_ - Linux: Le journal d'un novice , la version complète de ce journal de bord.

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