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Libération

Kinect à l’heure de la tactique du hack

par Olivier Seguret
publié le 29 novembre 2010 à 0h00

Alors, Kinect ? Il est encore bien trop tôt pour évaluer la profondeur de l’impact que l’accessoire high-tech de Microsoft produira, ou pas, sur l’industrie du jeu et, surtout, sur l’imaginaire des développeurs qui commencent à en investir le potentiel. En revanche, on sait déjà que Kinect fait onduler une vague fraîche et réjouissante dans le monde des hackers et chez les artistes du détournement.

Le capteur à reconnaissance de mouvements, exclusif à la Xbox 360 et conçu à l’origine pour jouer sans manette, a été piraté avec une rapidité qui force l’admiration, au terme d’une sorte de battle tacite entre hackers, défi dont l’enjeu était d’être le premier à en cracker les codes. Adapté aux PC (et même à leurs Mac pour certains), le Kinect devient une caméra 3D simulant toutes sortes d’environnements et tapissant l’espace virtuel de fragments de réalité augmentée. Les formes obtenues, parfois superbes, et dont on trouve mille exemples sur YouTube et assimilés, s’expriment encore avec la liberté fragile d’un enfant apprenant à marcher. Les usages, eux, restent largement à inventer, mais il y a de bonnes chances que, sur ce terreau déjà bourgeonnant, des plantes inattendues viennent à pousser, et pourquoi pas des arbres, espérons des forêts.

La réaction de Microsoft à ces assauts que la morale marchande réprouve a, elle aussi, été riche d’enseignements. Dans un premier temps, le géant mondial du logiciel, historiquement chatouilleux sur la question du piratage, qui a toujours représenté pour lui une menace sur ses bénéfices et une mise en cause de la sécurité de ses produits, a fait savoir qu’il allait prendre les dispositions légales pour faire cesser cette flibuste.

Mais MS a très vite renversé la vapeur, prenant sans doute conscience que c’était plutôt un hommage et une chance qui se présentaient spontanément au-dessus du berceau de Kinect. Non seulement les images de Kinect piraté donnent lieu à un buzz qui ferait rêver tout apprenti en marketing viral, mais surtout, les créations originales produites (gracieusement) en sa faveur forment un laboratoire d’idées et d’applications pour l’accessoire dont Microsoft pourrait tirer à son tour le plus grand profit. Amis corsaires, à l’abordage !

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