L'Allemagne prend la tête à Facebook

par Julien Pépinot
publié le 5 août 2011 à 18h15
(mis à jour le 5 août 2011 à 18h18)

Le commissaire de l'Autorité chargée de veiller au respect des libertés informatiques du land de Hambourg a vivement critiqué la fonction de reconnaissance faciale de Facebook. Dans un communiqué publié le 2 août, Johannes Caspar reproche au réseau social aux 750 millions d'inscrits de ne pas respecter la législation allemande et européenne. En cause : la collecte de données biométriques sur ses utilisateurs sans demander leur consentement explicite au préalable, qui ne respecterait pas le droit à la vie privée.

Mis à disposition sur le marché américain en décembre dernier, la reconnaissance faciale est déployée en Allemagne depuis le mois de juin. Grâce à la technologie biométrique, elle permet de reconnaître automatiquement le visage des membres de Facebook. Les noms de ces derniers sont ensuite suggérés pour identifier les nouvelles photos chargées sur le réseau social.

L'entreprise de Mark Zuckerberg s'est défendue dans un communiqué transmis au Monde.fr , rejetant l'affirmation selon laquelle elle ne respecterait pas la législation en matière de protection des données. Elle a surtout rappelé que la fonctionnalité pouvait être bloquée.

Cette querelle n'est pas la première entre Facebook et le land de Hambourg. Johannes Caspar avait critiqué le réseau social en janvier dernier sur sa manière d'utiliser les carnets d'adresses email de ses membres pour sa «recherche d'amis». L'entreprise s'était vue contrainte de restreindre cette fonction. En règle générale, les autorités allemandes sont considérées comme les plus en pointe du monde sur les questions de données privées. Ainsi le pays est le seul à avoir conduit Google Street View à arrêter son service de photographie à 360° après l'avoir obligé à flouter certains lieux suite à de nombreuses protestations. C'est toujours l'Allemagne qui a découvert que les Google Cars captaient des données transitant sur les réseaux WiFi .

Le conflit survient surtout au même moment où une étude étonnante est révélée par Mashable , un site spécialisé sur les réseaux sociaux. Des chercheurs américains de l'université Carnegie Mellon, de Pittsburgh, auraient ainsi démontré qu'il était possible de mettre un nom sur les visages de gens croisés dans la rue grâce aux données biométriques récoltées sur Facebook. Après avoir utilisé 25 000 photos provenant de profils du site, ils sont parvenus à identifier correctement plus de 30 % d'étudiants passés devant une webcam. Cette étude accentue la crainte de voir ces données tomber entre de mauvaises mains et d'être potentiellement utilisées par des régimes non démocratiques afin d'espionner l'opposition ou les services de sécurités à travers le monde.

Johannes Caspar a indiqué avoir « plusieurs fois demandé à Facebook de fermer la fonction de reconnaissance faciale et d'effacer les données précédemment stockées » . L'interpelé dispose maintenant d'un délai de deux semaines pour répondre aux questions du land de Hambourg, sous peine de se voir infliger une amende de plusieurs centaines de milliers d'euros.

En attendant, il est possible de bloquer la fonctionnalité. L’option se situe dans le menu « Compte », tout en haut à droite de la page Facebook. Cliquer sur « Paramètres du compte » puis sur l’onglet « Ce que d'autres partagent ». Il suffit ensuite de désactiver « Suggérer à mes amis les photos où j'apparais ». Cinq clics pour garder une petite part de vie privée.

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