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L'Unesco lance sa bibliothèque numérique mondiale

Ce matin, c'était le départ de la Bibliothèque numérique mondiale. Une banque de données gratuite qui aspire à l'universalité.
par Nicolas Chapuis
publié le 21 avril 2009 à 18h47
(mis à jour le 22 avril 2009 à 0h11)

L'Unesco (Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture) a lancé mardi à Paris sa Bibliothèque numérique mondiale (BNM ou en anglais WDL, World Digital Library). Il s'agit d'un projet international pour créer une banque de documents sur Internet , accessible gratuitement et universellement.

L'opération a commencé en 2005 à l'initiative du docteur James H. Billington, bibliothécaire du Congrès aux Etats-Unis. A la tête de la plus grande bibliothèque du monde, il a déjà œuvré pour la numérisation des collections de son établissement. Cette fois son ambition est à portée universelle.

L'Unesco est d'emblée séduite par le projet qui entre parfaitement dans sa mission de préservation de la «mémoire du monde» . Une équipe de la Bibliothèque du Congrès va donc s'atteler à la tâche pendant trois ans en collaboration avec plusieurs grandes bibliothèques dans le monde, qui vont mettre à disposition des sources.

A l'heure de son lancement, ce mardi, la BNM contient moins de 1.500 documents. C'est peu comparé aux deux autres références en terme de bibliothèques numériques déjà en ligne, Europeana et Google Book Search (respectivement 2 et 7 millions d'ouvrages). James Billington se défend de toute comparaison: dans le monde des bibliothèques «il n'y a pas de compétition» . Des coopérations sont envisagées avec Europeana, tandis que Google fait partie de la liste des partenaires «philantropiques» qui ont soutenu le projet.

Pas de concurrence donc, mais des différences, sur lesquelles les principaux responsables du programme insistent. Ainsi alors que les deux bibliothèques existantes ne proposent que des livres, la BNM offre quant à elle toutes sortes de documents (livres, manuscrits, photos, cartes, films enregistrements sonores...).

Mais la différence fondamentale réside dans la sélection des documents mis en ligne. Europeana et Google Book Search ont une politique quantitative, qui consiste à amasser le maximum de livres. La BNM opère de son côté «une sélection rigoureuse de pièces fondamentales» , selon Bruno Racine, le directeur de la BNF, qui a collaboré au projet. Il s'agit de documents retraçant l'histoire du monde, sélectionnés d'après leur intérêt patrimonial, par des équipes de spécialistes de chaque pays participant. Ces précieuses sources sont assortis de commentaires pour expliquer leur importance et resituer le contexte.

Enfin, et c'est peut-être là le point central, ces commentaires sont disponibles dans les six langues officielles de l'Unesco (arabe, anglais, chinois, espagnol, français, russe) ainsi que le portugais (pour saluer l'implication du Brésil dans le projet). Les documents, eux, sont disponibles en quarante langues différentes et concernent les 192 pays membres de l'Unesco. Ils sont accessibles de tous les pays. La BNM a bel et bien une visée universelle.

Quel avenir pour cette nouvelle bibliothèque? Les organisateurs l'avouent sans fard, ils n'attendent pas de rush sur le site dès aujourd'hui. Ce projet se construit à long terme. Ainsi, de même que la collection est amenée à s'enrichir, le nombre de langues pour les commentaires va augmenter (le japonais et l'allemand sont les priorités).

Les chercheurs devraient être les principaux utilisateurs du site mais Billington espère aussi que «ces sources primaires et historiques permettront aux jeunes générations de comprendre» le monde.

Dès aujourd'hui les jeunes (et les moins jeunes) français pourront retrouver quelques documents dans la rubrique France: un enregistrement de La Marseillaise de 1898, le premier écrit connu de François Rabelais, ou encore le manuscrit autographe de l'opéra Carmen de Bizet.

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