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Libération

L’indé, nouveau continent du «crowdfunding»

par Olivier Seguret
publié le 11 septembre 2012 à 16h14

Encore un signe, encore une date historique, encore un petit drapeau symbolique planté sur un territoire conquis par le jeu vidéo. La semaine dernière, le site de crowdfunding Kickstarter, qui recueille auprès des internautes des financements pour toutes sortes de projets, a annoncé que le jeu vidéo représentait le secteur numéro 1 de ses activités sur l’année en cours. Au 1er septembre, le total des fonds récoltés par les diverses propositions liées au jeu vidéo s’élevait à 50 millions de dollars (environ 39 millions d’euros), contre 42 millions pour l’ex-maître des lieux, le vieux rival et frère cinéma. La performance est plus impressionnante encore si on la compare avec l’argent récolté par le rayon jeux sur cette même plateforme l’an dernier : 3,9 millions de dollars (autour de 3 millions d’euros).

Deux phénomènes particuliers expliquent cet emballement. D'abord, le rôle de catalyseur joué par le projet soumis en février par le populaire développeur Tim Schafer, Double Fine Adventure , sur lequel se sont rués les gamers dès le premier jour et qui a conclu sa campagne sur Kickstarter avec un taux de financement supérieur à 800%… Ensuite, le succès de la proposition pour la console «libre» Ouya , qui a elle aussi aimanté les capitaux dans des proportions considérables (Libération du 27 août), contribuant largement au pic enregistré par la catégorie du gaming.

D’innombrables autres projets moins visibles se pressent au portillon de Kickstarter, et beaucoup ne rencontrent pas la même fortune. Mais ces succès proéminents comme ces seconds couteaux moins prestigieux disent aussi une chose commune : le rôle toujours plus important de la sphère indépendante. C’est un peu comme si, autrefois disloquée en archipel, la scène indé, enfin sortie des eaux, commençait à former un vrai, vaste et puissant continent. Ses débouchés se sont multipliés ces dernières années, grâce à des formats et des technologies plus souples, faciles d’accès et moins chers, via le Net, le streaming, les applis, les tablettes ou même les plateformes des constructeurs Microsoft et Sony, qui ne sont pas les moindres diffuseurs. Les indépendants auront-ils vraiment l’occasion de devenir, dans les prochaines années, le vrai moteur, la bonne boussole de l’industrie du jeu ? D’une certaine façon, ce sont les joueurs qui ont la réponse : en faisant la démonstration spectaculaire de leur capacité au mécénat généreux (mais intéressé), les gamers endossent une responsabilité de Médicis. D’eux dépend la tournure que prendra cette renaissance indé.

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