Interview

La France apprend l'e-learning

par Véronique Soulé
publié le 12 février 2008 à 2h18

Serge Ravet dirige l'European Institute for e-learning (EIFEL), une association européenne professionnelle créée en 2001 pour promouvoir l'utilisation des nouvelles technologies dans les apprentissages. Il est l'un des organisateurs du salon «i-learning Forum» qui s'est tenu les 4 et 5 février à Paris. Alors que le ministère de l'Education nationale met en place une commission «e-educ» chargée de rendre en avril un rapport sur l'emploi des nouvelles technologies, il analyse la situation française.

Où en est le développement du e-learning dans l'enseignement ?

Il faut d'abord s'entendre sur le mot : le e-learning est parfois compris, à tort, en France, comme l'enseignement numérique à distance. Or ceci n'en constitue qu'une petite partie. Il s'agit plus largement d'intégrer les nouvelles technologies dans la vie universitaire et scolaire. Pour ce qui est de l'enseignement à distance, il fonctionne depuis cent ans avec la poste. Avec les nouvelles technologies, il est heureux qu'il fonctionne au moins aussi bien. Alors que des pays ont créé des «universités ouvertes» [enseignant à distance et qui ont été peu à peu numérisées, ndlr], la France n'en a pas voulu. Elle voulait introduire les technologies dans toutes les universités et craignait que cela aille à leur encontre. Aujourd'hui, l'Open University du Royaume-Uni compte plus de 180 000 étudiants. Elle propose des enseignements académiques de haut niveau dont certains comme le general engineering degree sont jugés de qualité supérieure à ceux délivrés par Oxford, Cambridge ou l'Imperial College. En France, nous avons le Cned, le Centre national d'enseignement à distance. Mais c'est seulement un opérateur. Ce n'est pas une université avec des laboratoires comme les universités ouvertes du Royaume-Uni ou des Pays-Bas.

Où se situe la France par rapport à ses voisins européens ?

Elle est l'un des pays avancés où les enseignants utilisent le moins les technologies. Mais ces deux dernières années, elle a commencé à bouger. Elle a ainsi décidé d'installer dans les écoles et dans les universités des «Environnements numériques de travail» (tableaux blancs interactifs, visioconférence pour les langues, intranet, etc.). Les technologies évoluent très vite. Or l'institution a une politique institutionnelle. Elle ne peut pas toujours suivre.

Les Anglais restent-ils leaders ?

Au Royaume-Uni comme dans les pays nordiques ou aux Pays-Bas, des écoles entières sont équipées de tableaux interactifs. Nous en sommes loin. A Londres, un organisme chargé de mener la stratégie du gouvernement dispose de fonds considérables. En France, on fait une politique de saupoudrage. On crée des commissions mais il manque une vision stratégique d'ensemble.

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