Critique

«La Gifle» tape juste

Arte diffuse à partir de cette semaine la série australienne, récit choral et réaliste de la fragmentation d’une communauté.
par Raphaël GARRIGOS et Isabelle ROBERTS
publié le 4 septembre 2013 à 22h36
(mis à jour le 6 septembre 2013 à 11h54)

Ne cherchez pas : dans la série australienne la Gifle qui démarre ce soir sur Arte, il n'y a pas de flics, pas de politiques véreux, pas de tueurs en série, pas de machins paranormaux, pas de vampires ni de zombies, et c'est déjà pas mal. Ah si, en fait, il y a un monstre. Haut comme deux pommes, brutal, hystérique, il hurle tout ce qu'il peut à longueur de temps. Il s'appelle Hugo, il a 4 ans. Et c'est lui qui se prend la torgnole du titre, atomisant façon Festen famille et amis pour ne laisser qu'un champ de ruines et d'amertume.

Fiesta. La série est une adaptation fidèle du roman de l'écrivain et scénariste australien Christos Tsiolkas jusque dans sa structure même. Comme les chapitres de la Gifle, chaque épisode de la série se concentre sur un des personnages du drame dérisoire qui s'est noué, cet après-midi-là, au cours d'une fiesta entre amis et famille organisée dans la banlieue de Melbourne.

Demain en effet, Hector (Jonathan LaPaglia), sur qui s'axe le premier épisode, a 40 ans. Hier, il a arrêté de fumer ; aujourd'hui, il a repris. Hier, il a laissé la baby-sitter Connie l'embrasser ; aujourd'hui, il veut arrêter les frais, mais elle est bien jolie, Connie. On le sait, que ce barbecue va partir en cacahuète : Hector s'active un peu, oublie les glaçons, s'embrouille avec sa femme, Aish (Sophie Okonedo), se réconcilie, veut plaquer la baby-sitter et puis non, engueule son gros fils et regrette aussitôt, supporte tant bien que mal ses envahissants parents grecs, essaie de calmer les gosses, surtout ce Hugo à qui sa mère, Rosie, une amie, donne encore le sein comme un calmant. Mais voilà : Harry, le cousin grec-macho-qui-a-réussi (Alex Dimitriades, de la série pour ados des années 90 Hartley cœurs à vif), allonge une beigne à Hugo. Hurlements de Rosie, plainte illico déposée à la police, procès en vue, explosion du barbecue, fin du premier épisode.

Cougar. Le deuxième, avec les conséquences de la baffe en fond d'écran, dessinera un joli portrait de femme, celui d'Anouk, la copine cougar et scénariste de feuilleton qui veut devenir écrivain. Puis ce sera Harry le cousin gifleur, Connie la baby-sitter, Rosie la mère ultraprotectrice de Hugo, Manolis, le père grec et ainsi de suite. Chorale à la façon d'un Robert Altman, intime, à fleur de peau, la Gifle saisit aussi la société australienne - l'immigration, le travail, le métissage, l'éducation - sans façon ni complexe.

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