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Libération

La PS3 finalement hackée

par Camille Gévaudan
publié le 27 janvier 2010 à 11h19
(mis à jour le 27 janvier 2010 à 11h47)

George Hotz aime bien démonter les appareils. Soulever le capot, tripoter les puces, lire les programmes informatiques qui le font fonctionner et comprendre les lignes de code. Puis les arranger à sa sauce et prendre le contrôle de la machine. Pour sa satisfaction personnelle, simplement pour pouvoir annoncer qu'il en est venu à bout... En 2007, le jeune américain (17 ans à l'époque) s'était déjà illustré en publiant sur Internet plusieurs méthodes pour «désimlocker» l'iPhone -- c'est-à-dire briser la dépendance du téléphone à un opérateur unique --, deux mois seulement après sa sortie. Il vient de récidiver avec la Playstation 3, un défi à sa taille qu'il présente avec une certaine désinvolture : «La PS3 est sur le marché depuis plus de trois ans maintenant, et elle n'est pas encore hackée. Il est temps que ça change.»

Hop hop hop, aussitôt dit, aussitôt fait. Avant-hier, soit cinq semaines seulement après le début de ses recherches, Hotz a annoncé que le plus gros du travail était fait. À la BBC , pour plus de prestige. «Je peux maintenant manipuler le système comme je le veux.»

Sa démarche et ses bidouillages sont détaillés, presque jour après jour, sur le nouveau blog qu'il a lancé pour l'occasion. Le 26 décembre 2009, surmotivé ( «la PS3 montre exactement comment les machines devraient être sécurisées, et elle tourne même sur Linux. Mais elle n'est pas invulnérable :)» ), il commence par étudier en détail la documentation d'IBM sur le processeur de la machine, inspecte les circuits et teste sa première idée : imbriquer une zone mémoire du processeur vectoriel avec le HTAB, puis changer le HTAB pour autoriser la lecture et l'écriture sur l'hyperviseur pour compromettre le PPU. Après, c'est encore pire : il découvre que «le contrôleur système télécharge l'anneau de configuration via le bus SPI et calibre l'interface IOIF1 avec le registre FlexIO» et essaye alors de... Bref -- on ne va pas faire semblant de comprendre ce qu'il raconte --, le 22 janvier, George Hotz dit pouvoir contrôler l'ensemble du système mémoire, et déclare fièrement : «J'ai hacké la PS3. Le reste n'est qu'une question logicielle.»

Comme il l'avait fait avec l'iPhone, Hotz compte publier sur son blog la marche à suivre pour reproduire le hack et inviter d'autres bidouilleurs à finir le travail avec lui. Si une petite communauté de développeurs parvient à installer un autre système d'exploitation sur la console, il sera enfin possible d'y faire tourner des jeux homebrew («développés maison») et des jeux pour Playstation 2, pour l'instant incompatibles. Et, forcément, des puces ou des logiciels permettant de lire des jeux piratés feront rapidement leur apparition. Mais Hotz assure qu'il n'aura personnellement rien à voir avec cette question. D'ailleurs, il ne joue jamais : «j'ai un seul jeu pour PS3, mais je n'y ai jamais vraiment joué» . Sa motivation ne repose que sur la curiosité et le désir d' «ouvrir la plateforme» .

Sony est déjà au courant et se prépare à «clarifier la situation» (et préparer une éventuelle riposte) dès que possible. «Ils auront du mal à colmater la faille» , s'amuse Hotz.

Mise à jour :

Comme promis, George Hotz vient de publier son hack (pour PS3 non «slim» uniquement) dans un dossier zippé à télécharger depuis son site . Un wiki coordonnera et rassemblera le travail logiciel des développeurs intéressés.

Sur le même sujet :

L'Iphone déchaîné sur le net (27/08/07)

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