Hollywood veut la peau du téléchargement direct

par Sophian Fanen
publié le 3 avril 2012 à 17h03

Alors que l'affaire MegaUpload est loin d'être terminée , l'industrie américaine du cinéma tente actuellement de maintenir la pression pour mettre à terre l'ensemble des sites similaires.

En fin de semaine dernière, c'est Alfred Perry, responsable de la protection des contenus pour le studio Paramount (groupe Viacom), qui expliquait lors d'une conférence sur le copyright que sa société «continue de signaler des crimes» . Une référence aux accusations qui ont mené la justice fédérale américaine à fermer MegaUpload, alors que jusque là les procès Napster ou LimeWire s'étaient fait au civil sur des délits de contrefaçon.

Dans la foulée, Paramount affichait directement ses prochaines cibles, soit cinq gros acteurs du direct download : MediaFire, Wupload, Depositfiles, FileServe et Putlocker. Pas de trace de RapidShare dans la liste, alors que l'entreprise allemande (qui opère aussi depuis la Suisse) attend une décision de la Cour suprême de Karlsruhe qui doit sceller (ou pas) la légalité de ses activités.

La liste établie par la Paramount n'est pas très loin de celle fournie aux autorités américaines en novembre par la Motion Picture Association of America. La MPAA y estimait notamment que «ces cyberlockers escrocs ne sont pas seulement des centres de distribution pour des films volés ou des programmes de télévision. Les utilisateurs qui uploadent du contenu et les personnes qui font fonctionner ces sites peuvent gagner de l'argent grâce à ces pratiques.» Comme dans le dossier monté contre MegaUpload, c'est le fait de rémunérer d'une façon ou d'une autre les utilisateurs qui fournissent du contenu qui sert de socle à l'attaque de la MPAA.

Cela dit, la liste de la Paramount (et avant elle celle de la MPAA) recouvre des réalités très diverses. MediaFire a été le premier à se défendre dans une lettre adressée au site CNet, dans laquelle le cofondateur de l'entreprise aujourd'hui basée au Texas explique que MediaFire «n'est pas un gang de hors-la-loi» .

Sur le site de MediaFire aujourd'hui.

«MediaFire, continue le courrier, n'impose pas de limitations artificielles de téléchargement (vitesse, nombre de téléchargements, taille du fichier, etc.) afin de forcer [les utilisateurs] à s'abonner, et nous n'avons jamais payé des utilisateurs pour uploader du contenu. Nos clients premium bénéficient des mêmes taux de transfert et du même espace de serveur que nos clients qui ne payent pas.» Une défense qui avait déjà été abordée sur le blog de MediaFire dans la foulée de la fermeture de MegaUpload.

Quant à FileServe, l'adresse donnée sur la page consacrée sur son site aux réclamations pour infraction au droit d'auteur renvoie vers une rue de Hong Kong qui n'est visiblement qu'une boite aux lettres dans un bâtiment de bureaux à louer au mois . Ce qui n'est pas sans rappeler la localisation des bureaux de feu MegaUpload.

Toutefois, FileServe a ces dernières semaines fait un sérieux ménage dans ses serveurs, supprimé les bonus aux gros utilisateurs, et interdit à ses utilisateurs de télécharger autre chose que les fichiers qu'ils ont eux même posté (tout en entretenant un certain flou sur ces limitations). Une série d'actions censées calmer les menaces judiciaires.

Ensuite, ça risque d'être un peu plus compliqué pour la MPAA si elle veut poursuivre Wupload, DepositFiles ou PutLocker. Localiser ces sites s'avère en effet nettement plus aléatoire, et renvoie au choix en Russie, à Chypre, aux Seychelles... Reste la localisation de leurs serveurs, qui peuvent se trouver en partie sur le territoire américain ou en Europe pour des raisons techniques que nous évoquions ici .

Pendant ce temps, la justice néo-zélandaise a autorisé Kim Dotcom, le boss de MegaUpload, à utiliser à nouveau Internet. Il peut également retourner à la piscine et se rendre deux fois par semaine dans un studio pour travailler sur l'album qu'il prépare depuis quelque temps. On est bien pressé d'entendre ça.

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