«La RTBF ne s’arrête pas aux frontières»

par Raphaël GARRIGOS et Isabelle ROBERTS
publié le 18 avril 2012 à 19h06

C’est à cause de lui qu’on découvrira, dimanche à 18 h 30, que François Holl… pardon qu’on découvrira qui a remporté le premier tour de l’élection présidentielle française : Christian Dauriac, directeur de la rédaction de la RTBF, la télé publique belge qui, comme tous les radios, chaînes et sites web du pays mais aussi de Suisse, vont se livrer à ce crime de lèse-France. En place depuis fin 2010, ce journaliste français de 60 ans, a fait une bonne partie de sa carrière sur France Télévisions.

Allez-vous, dimanche à 18 h 30, donner les résultats des sondages sortis des urnes ?

C’est ce qui s’est toujours fait à la RTBF, ça correspond à une demande et l’élection présidentielle française passionne les Belges. Donc nous n’allons pas priver de cette information les gens qui payent la redevance. Et c’est une petite satisfaction, ici, d’avoir les infos avant les Français.

Redoutez-vous une plainte de la Commission française des sondages ?

Ils peuvent toujours faire leur plainte ! Il semble que les technocrates ont toujours beaucoup de mal à comprendre que la loi française ne s’applique pas en Belgique. Nous avons une mission de service public, ce serait complètement antijournalistique de ne pas donner les résultats.

Certes, mais il y a Internet…

La RTBF, comme le nuage de Tchernobyl, ne s’arrête pas aux frontières. Il y a un débordement des ondes hertziennes sur le Nord-Pas-de-Calais et une partie de la Champagne-Ardennes et on n’a jamais vu de hordes d’électeurs français aller voter une fois les résultats annoncés sur la RTBF. C’est la même chose pour le site.

Le site de la RTBF va-t-il supporter le choc de cette arrivée massive d’internautes français ?

On a pris les mesures pour renforcer le site, mais il y a de grandes chances pour qu’il tombe assez rapidement, tout comme les autres sites d’infos belges et suisses.

Comprenez-vous le débat, vu que vous avez déjà été confronté à cette situation au cours de votre carrière en France ?

Oui, j’ai connu ça, les cocktails organisés dans les chaînes à 18 heures pour les VIP mais ça m’a toujours gêné d’avoir les informations et de ne pas pouvoir les donner, ce côté, c’est entre nous, pas pour le peuple…

Paru dans Libération du 18 avril 2012

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