La VoD prend de l’auteur

Location. Des plateformes proposant des catalogues plus pointus sont en plein essor.
par Bruno Icher
publié le 13 janvier 2010 à 0h00

La vidéo à la demande, VoD pour les intimes, prend enfin ses aises. Dans la foulée de gros opérateurs comme CanalPlay, Virgin, Orange ou Free, l’usage de la location de films dématérialisés s’est installé auprès du grand public, surtout pour les films les plus populaires. Toutefois, depuis à peine un an, quelques plateformes font la part belle à un cinéma d’auteur et à des catalogues plus confidentiels, démonstration que la consommation de cinéma à domicile est en train de changer.

«Le marché est encore modeste, prévient Guillaume Blanchot du CNC. Il représente environ 80 à 90 millions d'euros par an en France contre 1,4 milliard d'euros pour le DVD. Sa progression laisse penser qu'elle dépassera le marché de la location DVD l'année prochaine, un marché en chute mais dont les revenus ne sont pas anodins.» Dans la foulée de la loi Hadopi, et donc du développement nécessaire de l'offre légale, le CNC s'est engagé à appuyer les opérateurs dans ce sens. Avec une accélération prochaine sensible puisque, dans le cadre du grand emprunt, 175 millions d'euros seront consacrés à la numérisation des œuvres.

Habillage. Si cette perspective constitue une bonne nouvelle c'est aussi parce que, depuis moins d'un an, des plateformes comme Universciné, FilmoTV et TheAuteurs, entre autres, préfigurent l'émergence d'une nouvelle manière de consommer du cinéma : des films furtivement sortis en salles, ne faisant pas l'objet de diffusions télé et ne bénéficiant peu ou pas du tout de promotion lors de leur sortie DVD, quand ils sortent en DVD. Vincent Paul-Boncour, le patron de Carlotta, s'apprête ainsi à lancer, en avril, sa plateforme de VoD. «Dans le prolongement de notre activité d'éditeur DVD et de distributeur en salles», explique-t-il. «Il y a une nouvelle génération de cinéphiles et il faut aller vers elle, par exemple avec des contenus spécifiques accessibles gratuitement comme des bonus ou des interviews exclusives.»

D’autres initiatives s’inscrivent dans cette logique. Universciné, notamment, est le fruit d’une association d’une quarantaine d’éditeurs, producteurs, distributeurs ou cinéastes afin de présenter les films dont ils détiennent les droits sur une seule plateforme. Dans une logique plus industrielle, FilmoTV propose une formule d’abonnement à des tarifs très intéressants (1,99 euro le film pour 10 prélocations) avec un habillage éditorial séduisant. Toutefois, l’approche à la fois la plus originale et la plus prometteuse est sans doute celle de TheAuteurs.

Réseau social. Créée voici trois ans à l'issue d'un partenariat entre une start-up de Palo Alto (Californie) fondée par Efe Cakarel, jeune entrepreneur turc, et Hengamey Pahani, présidente de Celluloïd Dreams, cette plateforme mise sur un catalogue pointu et sur son développement en tant que réseau social. «Les membres de TheAuteurs s'échangent des informations et des opinions sur Facebook, par exemple, explique Hengamey Pahani. L'ambition reste de faire de ce site un lieu communautaire mondial. Mon rêve serait de rassembler autour de chaque cinéaste tout le public possible.» Pour l'instant, TheAuteurs rassemble plus de 800 films grâce à des accords de partenariats avec une quarantaine d'ayants droit dont l'américain Criterion au riche catalogue et, en guise de joli coup médiatique, la Martin Scorsese's World Cinema Foundation, qui a pour mission de restaurer, numériser et diffuser gratuitement des films qui n'ont pas les moyens de sortir en salles. Le tout en haute définition. «L'outil est extraordinaire, car tout est possible. Nous développons évidemment la VoD, mais nous pouvons aussi assurer la promotion de nouveaux films ou travailler avec des festivals.» C'est l'un des principaux chantiers d'Hengamey Pahani pour les mois qui viennent. «Une plateforme comme la nôtre peut proposer à des manifestations de cinéma d'offrir, limitée dans le temps ou en volume de public, un accès à des films qui ne sont vus que par les festivaliers. Nous avons ainsi l'an dernier mis à disposition des films du festival de São Paulo pour un public brésilien. Tout est possible, tout est à faire.»

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