«On a la gueule de bois» , constate Serge Cimino, journaliste de France 3. Et moins de vingt-quatre heures après l'annonce, elle ne passe toujours pas. Au lendemain de la présentation par Rémy Pflimlin, président de France Télévisions, du plan «Info 2015» qui vise à réunir les rédactions de France 2, France 3 (la nationale) et celle, numérique, de FranceTV Info ( lire l'article ), les journalistes de la Trois se sont réunis en assemblée générale. A l'unanimité, ils condamnent déjà la fusion.
Pourquoi fusionner les rédactions ?
Mardi à 17 heures, lors d'un comité central d'entreprise (CCE) de France Télévisions, Rémy Pflimlin a annoncé la couleur : «Nous souhaitons passer d'une logique de rédaction par chaîne à une logique de rédaction pour toutes les éditions et tous les supports.» Comprendre -- même si le groupe public refuse d'utiliser le terme -- la fusion. Même si des passerelles existent, même si elles font déjà matos commun (ou presque), aujourd'hui, les rédactions nationales de France 3 et de France 2 travaillent chacune de leur côté, sans lien avec celle de FranceTV Info. L'idée de l'architecte du projet, Thierry Thuillier (directeur de l'information) est de rassembler les 500 journalistes des trois entités afin qu'ils alimentent toutes les éditions et tous les supports. Thuillier -- qui déclare à Libé «ne pas croire au Rémy Bricka du journalisme» travaillant pour le Web, le 20 heures de la Deux et passant ensuite l'aspirateur dans la rédaction -- affirme que tous les JT conserveront des équipes dédiées. «En revanche, prend-il soin de préciser , on ignore aujourd'hui dans quelles proportions.»
Que redoute la rédaction nationale de France 3 ?
Quelques heures avant de présenter son projet de fusion, Rémy Pflimlin a confirmé, toujours devant le CCE, l'hypothèse d'un plan social allant bien au-delà des 500 départs (sur 11 000) déjà prévus d'ici à 2015. La faute à un trou dans le budget de France Télévisions et à une baisse des ressources publiques de 4% pour 2013. Et pour l'AG réunie hier à France 3, l'affaire est entendue : «Ce n'est pas une fusion, martèle un représentant de FO, c'est une suppression.» Celle, redoutée bien que démentie par la direction, du 19/20. Pour le président de la Société des journalistes, Patrice Machuret, «ceux qui pensent avoir une carrière dorée dans la rédaction fusionnée se mettent le doigt dans l'œil à 80%» . Il est prévu d'aller faire le siège de la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, et, déjà, on parle d'aller plus loin : «On peut fusionner les grèves, aussi ?» lance une journaliste.
Que redoutent les journalistes de France 2 ?
Visiblement rien : aucun rassemblement n’a été organisé et seuls deux journalistes de la Deux se sont rendus à l’AG de la Trois.
Article paru dans Libération le 13 septembre