Menu
Libération

La loi, faut se la farcir

Télé sans pub. L’examen du texte se poursuit laborieusement à l’Assemblée nationale.
par Raphaël GARRIGOS et Isabelle ROBERTS
publié le 2 décembre 2008 à 6h51

Hou, la menteuse. Oui, Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication, a menti. Au Journal du dimanche à qui elle a assuré que «la télé-réalité est interdite dans le nouveau cahier des charges de France Télévisions.» A l'éplucher, ce cahier des charges, et à le dépiauter en tous sens, rien à faire : il n'y est pas fait mention de télé-réalité, genre dans lequel France Télévisions n'a d'ailleurs jamais versé. Interdire ce qui n'a jamais existé : il faut croire que, pour dégainer des arguments pareils, la ministre manque d'idées pour défendre son projet de loi - ou plutôt celui que lui impose le président de la République.

A l'Assemblée aussi, la ministre a paru bien molle et dépourvue d'arguments hier quand, interpellée par l'opposition sur l'affaire Vittorio de Filippis (lire pages 2 et 3), elle n'a su lâcher qu'un pauvre «surprise et émue». De son côté l'opposition a profité de l'affaire qui touche Libération pour continuer son travail de sape, amendement après amendement et intervenant après intervenant.

Cohue. Hier, c'est l'audiovisuel extérieur, soit le regroupement de RFI, France 24 et TV5, qui a occupé l'après-midi des députés à un train de sénateur. L'opposition a dénoncé une «entreprise de dépeçage et de contrôle politique», ne manquant pas, au passage de s'indigner que «Madame Kouchner» dirige l'audiovisuel extérieur de la France (Christine Ockrent en est la numéro 2). Villipendée aussi, la suppression de six langues sur RFI, dont l'allemand et le mandarin, et la situation de France 24 obligée de racheter les 50 % de son capital que TF1 possède contre non seulement du cash mais aussi un contrat de fourniture. Tout cela se terminant dans une jolie cohue, malgré le peu de députés présents, l'opposition accusant l'UMP de vouloir «instituer une télévision d'Etat à la place de la télévision publique» et l'UMP Jean-François Copé, un peu désabusé, citant Oscar Wilde : «Le secret du bonheur et de la vertu, c'est d'aimer ce qu'on est obligé de faire.» Ah bon d'accord.

Pendant ce temps-là à France Télévisions, les syndicats ont fait une découverte intéressante. Le 19 novembre, reçu au Sénat, le président de France Télévisions, Patrick de Carolis, insistait sur le «développement régional» de France 3 sur Internet. Et ce par la création de web TV régionales «avec les élus locaux», avait précisé Carolis. Et c'est le spectre d'une cession de France 3 qui refait son apparition. «On ne peut s'empêcher de penser, s'alarme le SNJ, à l'hypothèse redoutée de céder les rédactions régionales de France 3 à la presse régionale avec création de sociétés d'économie mixte, intégrant aussi les collectivités locales».

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique