La loi votée serrée

Télé sans pub. L’Assemblée a adopté hier la réforme Sarkozy.
par Raphaël GARRIGOS et Isabelle ROBERTS
publié le 18 décembre 2008 à 6h51

Au premier round de la loi sur l’audiovisuel, l’UMP s’en tire, mais sans gloire. Hier, la réforme décrétée par Nicolas Sarkozy a été adoptée à l’Assemblée nationale au terme d’un scrutin serré : 293 voix pour, 242 contre. L’opposition a fait le plein, rejointe par des voix de la majorité : 6 de l’UMP et 10 élus du Nouveau Centre qui, pour la première fois depuis l’élection de Sarkozy, lui fait faux bond. Au rang des «Je dis rien mais j’en pense pas moins» à l’UMP, 6 députés se sont abstenus, dont François Baroin ou Gilles Carrez.

En attendant les deuxième et troisième rounds (le Sénat dès le 7 janvier, puis le Conseil constitutionnel), la loi a été adoptée telle que Sarkozy l’exigeait. Les chaînes privées seront taxées à hauteur de 1,5 % de leurs recettes publicitaires. En échange, les cadeaux sont somptuaires : allongement de la durée et du volume de la pub, seconde coupure dans les films et fictions, placement de produits (Renault paiera pour figurer dans une série). Les fournisseurs d’accès à Internet s’acquitteront d’une taxe de 0,9 % sur leur chiffre d’affaires. Le tout ne rapportera pas les 450 millions d’euros prévus pour compenser la fin de la pub, mais le gouvernement a juré-craché qu’ils étaient garantis.

Voilà France Télévisions dépendant désormais du bon vouloir de l’état pour ses finances… et pour sa présidence aussi. C’est l’autre volet, très décrié, de la loi : la nomination et la révocation du patron de France Télévisions, suivant le bon plaisir du président de la République. Un fonctionnement inauguré avant même la loi puisque Patrick de Carolis a été contraint par le gouvernement d’entériner lui-même la fin de la pub dès le 5 janvier après 20 heures sur les antennes publiques.

La date fatidique sera saluée en grandes pompes par une grève à France 3 à l'appel de sept syndicats. Hier, lors d'un comité d'entreprise à France Télévisions, Carolis a fait cette déclaration : «J'ai décidé de prendre soin du bateau coûte que coûte.»

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