La presse brésilienne snobe Google News

par Chantal Rayes
publié le 26 octobre 2012 à 11h59

Depuis l'an dernier, les principaux quotidiens brésiliens ne sont plus présents sur Google News. Neufs grands titres tel O Globo , qui étaient référencés sur l'agrégateur de contenu de Google, se sont retirés en masse, face au refus du géant américain de les rétribuer. L'influente Folha de São Paulo , pour sa part, n'avait même pas daigné se faire référencer. Une attitude qui fait réfléchir en France, où les éditeurs de presse sont engagés dans un bras de fer avec Google qui, visé par un projet de taxe, menace de ne plus référencer les journaux.

Le boycott brésilien a été inspiré par l'Association nationale des journaux (ANJ), suite à l'échec de ses pourparlers avec Google. «Non seulement les journaux ne gagnaient rien sur l'utilisation de leurs propres contenus, qui génère pourtant des revenus pour Google, mais en plus, Google News finissait par détourner une partie de leurs lecteurs» , explique son directeur exécutif, Ricardo Pedreira. Beaucoup d'internautes brésiliens se contentaient, en effet, des trois premières lignes des articles publiés sur Google News, au lieu de cliquer sur le lien renvoyant au site du journal pour lire la suite. D'autant que celle-ci est le plus souvent payante.

L'ANJ a alors demandé -- et obtenu -- de réduire à une seule ligne (en gros, le titre de l'article) le contenu publié, dans l'espoir d'attiser la curiosité du lecteur. Mais Google n'aurait joué le jeu qu'à moitié. «Les médias ayant pris part à l'expérience ont reculé dans le classement sur Google News, qui a privilégié ceux autorisant la publication d'extraits plus longs» , raconte Carlos Muller, de l'ANJ.

Avec le retrait des journaux de Google News, «la fréquentation de leur page web a augmenté , constate de son côté Ricardo Pedreira. Les internautes y accèdent désormais directement. Certes, les accès depuis le moteur de recherche Google Search, qui privilégie dans son classement les partenaires de Google News, ont reculé de près de 5%, mais c'est un prix acceptable à payer pour préserver nos contenus» . Ici, Google n'a pas été jusqu'à menacer de ne plus référencer les journaux comme il le fait en France. Interrogé par Libération , Google Brésil a refusé de se prononcer.

Le boycott de Google News ne concerne en tout cas que le contenu payant des journaux. Les sites d’info en continu et les portails de ces mêmes titres, qui offrent un contenu gratuit, restent en revanche présents sur l’agrégateur de Google.

Paru dans Libération du 25 octobre 2012

De notre correspondante à São Paulo

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