La presse en ligne en rangs d’union

par Frédérique Roussel
publié le 26 octobre 2010 à 9h12

Une vraie communauté désormais. Avec un statut, des combats et un anniversaire. Le Spiil, Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne, fêtait son premier printemps vendredi à la Maison des Métallos à Paris. Pas moins de 450 personnes s’étaient inscrites à l’événement, les deux plénières et les six ateliers ont presque fait le plein. Dans le hall, le théâtre ou la cour, il n’était question que d’agrément Commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP), d’aides au développement et des derniers twitt-cancans.

En ouvrant la journée, le président du Spiil, Maurice Botbol, semblait compter ses petits : une soixantaine en un an. Aux côtés des sept sages fondateurs ( @rrêt sur images , Bakchich , Indigo Publications , Mediapart , Rue89 , Slate , Terra Eco ), les sites de tout poil se sont pressés au portillon. Ainsi la presse en ligne se raconte-t-elle alphabétiquement, d' Actu Environnement (spécialisé dans l'environnement et le développement durable) à Zinfos 974 (l'info de l'île de la Réunion). Elle s'égrène à la Prévert, du magazine en ligne dédié au voyage d'affaires ( Deplacements pros ) à l'agence d'information du secteur hospitalier ( Hospimedia ). Certains sont nés pour s'emparer de l'actualité locale, comme DijOnscOpe, à la grande inquiétude de la presse quotidienne régionale, qui craint de devoir partager «le gâteau publicitaire et les annonces légales» , comme l'a souligné un intervenant. «Nous regroupons tout, de l'entreprise individuelle à celle qui compte plusieurs centaines de salariés, du site payant au gratuit, du professionnel au grand public , explique Maurice Botbol. Le Spiil est un microcosme qui rassemble toutes les formes de presse.»

Ne pas non plus prendre le Spiil pour un moulin. Les critères sont stricts : satisfaire aux conditions de reconnaissance des services de presse en ligne prévues par le décret, avoir le numérique pour activité de référence et employer au moins un journaliste professionnel. Et ne pas oublier de correspondre au critère du «i», celui de l'indépendance. Il y a un an et demi les pure players obtenaient donc le statut d'éditeurs de presse en ligne.

Une des revendications du Spiil vise à la transparence totale de l’attribution des aides de l’État, comme l’a rappelé Edwy Plenel, directeur de publication de Mediapart. Le syndicat a au moins obtenu que la liste des éditeurs ayant bénéficié du fonds d’aide au développement des services de presse en ligne (fonds Spel) soit publiée sur le site de la Direction générale des médias. 15,4 millions d’euros ont été attribués pour 2009 (le gouvernement a promis 60 millions sur trois ans), dont 5% aux services de presse en ligne.

Les modèles expérimentés n'ont souvent pas encore découvert la panacée. Après trois ans et demi d'existence, Rue89 annonce tenir son point d'équilibre. «Nous avons été confrontés à la baisse des revenus avec la crise et nous avons étendu notre diversification avec la formation» , a expliqué Pierre Haski, son directeur de publication. Aujourd'hui, la formation et la prestation de services représentent 30% de son chiffre d'affaires, le magazine trimestriel lancé au printemps s'est avéré immédiatement rentable (à 20000 exemplaires) et l'équipe recrute.

Dans l'après-midi, le site à trois voix (journalistes, experts, internautes) présentait sa dernière trouvaille, Jaimelinfo.com . Prévu pour une mise à l'eau en janvier, il s'agit d'une plateforme qui permettra à l'internaute de soutenir ses sites ou ses blogs d'informations préférés par abonnement mensuel ou don ponctuel. Le site pourra aussi financer des projets précis, comme une enquête ou la création d'une nouvelle rubrique. Ambition : développer un journalisme de qualité sur Internet. Principe : table ouverte, sous certaines conditions, à tous ceux qui veulent en être.

Paru dans Libération du 25 octobre 2010

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