Critique

Laisse-moi zoom zoom Dans ton «teum teum»

Sur France 5, le DJ Juan Massenya accompagne un people à la rencontre des habitants d’une ville de banlieue.
par Stéphanie Binet
publié le 19 septembre 2009 à 0h00

Le teum teum, c'est le teumen-appart, l'appartement en verlan. Voilà, ça commence bien la visite de la cité à la télé, il faut déjà traduire le titre de la nouvelle émission de France 5, Teum Teum, donc, qui chaque mois emmène une personnalité du show-biz dans une ville de banlieue, «si proche… et si loin» en même temps.

Pour animer cette version urbaine de Rendez-vous en terre inconnue diffusée, elle, sur la Deux, France 5 a choisi une nouvelle tête pour la télévision, mais pas un inconnu pour la culture hip-hop. Juan Massenya est un ancien membre du groupe Rapsonic, un des premiers collectifs rap avec NTM, Assassin ou IAM.

Cet ancien boxeur, qui a grandi à Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines, s'est fait un nom grâce à ses sélections reggae soul en tant que DJ dans les clubs, et grâce à ses émissions de radio, notamment sur Radio Nova tous les jours de 17 heures à 20 heures, et avec Generation All Stars sur la radio d'Ile-de-France, Générations. En coulisses, ce sont deux journalistes, aussi issus de la radio, Raphael Yem et Chloé Juhel, qui préparent les tournages.

A La Courneuve, dans la cité des 4 000 - que Nicolas Sarkozy avait promis de nettoyer au Kärcher en août 2006 -, Stéphane Guillon est comme un poisson dans l'eau, lui qui a grandi en banlieue «comme Jean Sarkozy, avec femme de ménage à la maison, vacances au ski, mais je m'en suis sorti». A La Courneuve, les habitants que Juan Massenya présente à Guillon - Annie Vibert, au 26e étage, qui vit là depuis 1972, Catherine Geli, une mère de famille antillaise qui fait le ramadan, Khaled Teffaf, écrivain - lui racontent qu'ils ne s'en sortent pas, plaignent les jeunes sans boulot, regrettent le communautarisme… mais le tout sans grande acrimonie.

Le ton de la visite est chaleureux, bienveillant ; les images et la programmation musicale feraient presque oublier les imposants bâtiments gris. Massenya s’efforce de faire rencontrer à Guillon des jeunes entrepreneurs comme Jean-Jacques Atisso, patron d’une boîte de communication, qui a lancé un soda Obama.

Dans la boucherie musulmane, Aziz, artiste-peintre et proprio du lieu, explique l'esprit du ramadan. Guillon ne peut s'empêcher de faire une blagounette : «Je prendrais bien des côtes de porc.»

L’humoriste s’indigne de l’état des ascenseurs régulièrement en panne et de l’architecture anxiogène. En fin de journée, sur le toit du parking avec vue sur tout Paris et sur l’aéroport de Roissy, un architecte, entouré de travailleurs sociaux, tentera d’expliquer au comique que le manque d’emploi, d’entretien et d’attention des politiques ont paupérisé le quartier. Mais surtout, en cinquante minutes d’émission, on aura parlé de La Courneuve et jamais de Kärcher.

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