Lalanne sur France 3 : «Imputer la crise du marché du disque au piratage est une imposture»

par Astrid GIRARDEAU
publié le 6 mai 2009 à 12h09
(mis à jour le 7 mai 2009 à 0h35)

«C'est pas en mettant un flic derrière chaque internaute. Ou une loi derrière chaque problème qu'on va résoudre quelque chose.» Par cette première phrase, hier soir, Francis Lalanne, invité de l'émission «Ce soir ou jamais» , donnait son avis sur le projet de loi Création et Internet. Un discours que, fort de son expérience d''auteur, compositeur et producteur indépendant, il a ensuite développé tout au long de l'émission (visible ici en intégralité ), et relevé par Numerama .

Hier soir, Frédéric Taddei organisait en effet un débat sur la loi Création et Internet, et plus largement sur l'avenir des industries du cinéma et du disque. Parmi les intervenants, le producteur Vincent Frèrebeau, le chercheur et co-fondateur de la Quadrature du Net, Philippe Aigrain, le scénariste et écrivain Jean-Claude Carrière et Francis Lalanne. Ce dernier, par ailleurs candidat aux élections européennes sur la liste de l'Alliance écologiste indépendante (AEI), a tenu un discours plutôt bien informé ( IPODAH , etc.) contre le projet de loi, et plus généralement contre la répression généralisée et les idées toutes faites sur le marché du disque.

Extraits :

_ - «La chanson est un des rares produits que les gens n'achètent qu'après l'avoir consommé. Et je dirais même plus. Plus ils l'ont consommé, plus ils ont envie de l'acheter.»

_ - «Moi je vis de ma musique. Aujourd'hui s'il fallait que j'en vive un peu moins bien mais que cela favorise un accès plus large à l'information et à la connaissance de ce que je produis j'en serai heureux parce qu'on ne va pas commencer à mettre des barrières entre les gens et l'art au motif que l'on voudrait refaire sa piscine.»

_ - «Il faut qu'on arrête de confondre garantie des droits et répression.»

_ - «On a créé un outil de liberté, on l'a vendu aux gens comme étant un outil de liberté et après on veut les contraindre. On vous vend des bagnoles qui roulent à 300 à l'heure et après on vous limite la vitesse à 50. Les gens, on les rend fous avec ça !»

_ - «Je ne dis pas que la propriété intellectuelle n'a pas de valeur. Je dis qu'elle n'a pas forcément la valeur que lui donne la société de consommation. »

_ - «Moi-même je suis producteur indépendant puisque je produis mes propres disques et j'ai appris à adapter mes coûts de production aux fluctuations du marché et effectivement, et quand le marché est moins florissant, je fais un petit peu attention, je dépense moins mais ça ne veut pas dire que ce que je crée est moins bien.»

_ - «Imputer la crise du marché du disque à ce qu'on appelle le piratage, c'est une imposture.»

_ - «Je préfère que quelqu'un "vole" ma musique -- comme on le dit, moi je n'estime pas qu'il l'a volé -- plutôt qu'il ne l'écoute pas.»

_ - «Je voudrais pas d'une autre sorte de pirate. De l'Hadopi. De cette création, qui va encore coûter de l'argent au contribuable, d'une administration qui va venir chez les gens, fonctionner comme une administration judiciaire et policière. Et ça, ça n'est plus la république.»

_ - «Je ne suis pas d'accord en tant que citoyen pour que les élus de la République nomment des gens qui ne sont pas élus, qui ne sont pas élus, qui constituent une sorte d'administration comme ça, de gens qui s'arrogent le droit d'avoir le pouvoir judiciaire, le pouvoir policier, et qui vont pouvoir débouler chez les gens. La dictature civile !»

_ - «La peur du gendarme n'est pas le commencement de la sagesse, mais c'est le commencement de la violence.»

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