Last.fm face à la rumeur Techcrunch

Techcrunch a relayé une rumeur sur l'utilisation des données personnelles par le site musical Last.fm, désormais démentie.
par Alexandre Hervaud
publié le 24 février 2009 à 18h06

Vendredi soir, le site américain Techcrunch publiait un billet titré « Did Last.fm just hand over user listening data to the RIAA ?» ( Last.fm viendrait-il de remettre à la RIAA des données personnelles d'utilisateurs ? ). Dès le titre, l'emploi du point d'interrogation montre bien que le journaliste Erick Schonfeld n'est absolument pas catégorique sur cette affirmation, encore à l'état de rumeur.

L'information découle d'une source anonyme (ou du moins dont le nom n'est pas cité par Techrunch), qui déclare : «j'ai appris, via un copain furieux qui travaille chez CBS que Last.fm a récemment fourni à la RIAA de nombreuses données personnelles d'utilisateurs pour traquer les internautes écoutant des morceaux pas encore sortis officiellement» . Pour comprendre un peu le contexte de cette news, et l'implication de la très puissante RIAA (Record Industry Association of America), rappelons que le prochain album des irlandais de U2 (sortie prévue le 27 février) s'est retrouvé dès la semaine dernière sur les réseaux P2P.

Décalage horaire oblige, difficile pour le journaliste de Techcrunch d'obtenir un vendredi soir une réaction des employés de Last.fm, racheté par CBS en mai 2007 et basé à Londres. Évidemment, devant l'énormité suggérée par l'article basé sur un tuyau de seconde main, le site musical aux 21 millions d'utilisateurs actifs ne tarde pas à réagir en précisant dans les commentaires de Techcrunch que tout ceci est faux. Le cofondateur du site, Richard Jones, est direct : «c'est un non-sens total» .

Du côté de la RIAA, on réfute également. Interrogée par le site Ars Technica dimanche, la porte-parole de la RIAA, Cara Duckworth nie totalement l'information avancée par Techcrunch et avoue ne pas être «sûre de l'origine de cette rumeur» . Sur le blog officiel du Last.fm, Richard Jones poste lundi un billet intitulé «Techcrunch are full of shit» (qu'on traduira poliment par «Techcrunch raconte vraiment n'importe quoi» ) et remet les pendules à l'heure : «quand vous vous inscrivez à Last.fm et partagez ce que vous écoutez, vous nous faîtes confiance avec vos données d'auditeurs. Nous prenons cela très au sérieux» . Et Jones de rappeler que les seules informations transmises aux labels sont des statistiques d'écoute, et en aucun cas les données personnelles de leurs membres.

Reste à savoir d'où vient exactement cette rumeur qui met à mal la crédibilité de Techcrunch. Le journaliste anglais Paul Carr, spécialiste des médias et de pop culture, collaborateur régulier pour The Guardian , a ainsi déclaré via Twitter : «J'aime beaucoup Techcrunch, mais si j'étais Last.fm, je leur ferais un procès. Et ensuite j'utiliserais l'argent gagné pour engager un putain d'attaché de presse.» Techcrunch a de son côté mis à jour son blog à plusieurs reprises en tentant de calmer la situation et en soulignant bien que la rumeur n'a jamais été présentée comme une information fiable. Devant leur délicate situation actuelle, le titre de l'avant-dernier album de U2 vient en tête : How to dismantle an atomic bomb (comment désamorcer une bombe atomique).

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