Sur son site officiel , le Parti communiste français fait part de son émoi après le retrait «sans explication» d'une vidéo «produite par le PCF présentant les vœux de Nicolas Sarkozy pour 2011» . Cette vidéo, un détournement façon Mozinor (mais en beaucoup moins inspiré...), reste pourtant disponible sur YouTube :
Dans son communiqué, le PCF s'interroge : «cette vidéo n'a-t-elle donc pas sa place sur la plate-forme française d'hébergement qu'elle doive s'exporter sur celle de YouTube, pour l'instant plus accueillante ?» , et se risque à évoquer une piste d'explication : «doit-on voir un rapport entre cette censure et le fait que Dailymotion retransmettra les vœux présidentiels en direct le 31 décembre prochain ?» .
À première vue, la vidéo étant basée sur des images capturées par France 2, on pourrait plutôt penser à un retrait automatique de la chose, détecté par le système Signature permettant de pister les contenus protégés. C'est effectivement la raison pour laquelle la vidéo a été supprimée, comme nous a confirmé Giuseppe de Martino, directeur juridique de la plateforme contacté par Ecrans, mais le retrait n'est pas du fait de France Télévisions. «Pour l'INA, qui a développé la technologie Signature, ces images ont été enregistrées au nom de Canal+» , explique de Martino. C'est donc la chaîne cryptée, très à cheval sur la non circulation d'extraits de ses émissions en dehors de son site officiel, qui a involontairement causé la suppression de la vidéo, alors qu'elle pourrait a priori bénéficier de l'exception pour parodie. Une situation d'autant plus absurde que les vœux présidentiels sont évidemment diffusés simultanément par de nombreuses chaînes chaque année. Sans parler du fait que Canal + a pour programme phare depuis de nombreuses années un certain Zapping basé sur l'emprunt aux autres chaînes...
La chose aurait pu être évitée si le PCF avait publié cette vidéo sur son compte officiel (une sorte de coco channel , donc) où de nombreuses vidéos sont postées régulièrement. Or, ces faux vœux ont été uploadés sur le compte de Frank Mouly (le nom du compte est d'ailleurs identique sur YouTube), membre de la direction nationale du PCF, qui ne dispose pas d'un label «officiel» facilement accessible sur demande. La gestion des contenus protégés est en effet plus souple avec les comptes officiels, qui bénéficient d'un certain traitement de faveur par rapport aux utilisateurs lambda. De Martino rappelle ainsi que dans le cas de la vidéo du lapsus de Rachida Dati commis dans une émission de Canal+, l'extrait de 17 secondes (vu en page d'accueil de Dailymotion à l'époque) avait été mis en ligne par le compte officiel du site LePost.fr. La vidéo n'avait ainsi pas été retirée, et en cas de doléance, Canal aurait été invité à contacter directement LePost.
Cette mésaventure souligne à nouveau la difficulté d'application des techniques de fingerprinting (littéralement, empreinte digitale), nom donné aux systèmes de filtrage automatique après reconnaissance des contenus protégés et identifiables par marquage. Plutôt efficace, la technologie a permis à YouTube et Dailymotion de faciliter leurs relations avec les ayants droit, désormais capables de choisir le retrait ou la monétisation de leurs produits mis en ligne par un tiers. Les «bugs» comme celui rencontré par le PCF sont évidemment plus nombreux dans le cas d'un retrait systématique. Même si, dans le cas présent, cette petite bévue risque d'apporter à la vidéo une promo assez inespérée eu égard à sa qualité toute relative.
[MAJ] La vidéo est de nouveau visible sur Dailymotion , sur le compte officiel du PCF.