Le belge Rossel rompt ses fiançailles avec le groupe Hersant

par Isabelle Hanne
publié le 29 juin 2012 à 18h14

Ils auraient pu former le troisième groupe de presse en France. Mais finalement, huit mois après la signature de l’accord par les deux parties, le mariage du groupe belge Rossel avec le Groupe Hersant Média (GHM) ne se fera pas. Rossel a annoncé, hier, qu’il jetait l’éponge. Une décision qui place GHM, très endetté, dans une situation pour le moins inconfortable : c’était grâce à cet accord que les banques créancières du groupe avaient accepté la restructuration de sa dette -- 200 millions d’euros.

En quoi consistait l’accord ?

Signé en octobre, l'accord associait une partie des activités presse des deux groupes dans une holding à 50-50, avec un exécutif aux mains de Rossel. La Voix du Nord et le Courrier Picard côté Rossel, journaux de l'Est et du Sud ( Nice-Matin, Corse-Matin …) côté GHM. En position de force dans la négociation, Rossel avait obtenu qu'avant le mariage, GHM restructure les actifs déficitaires compris dans l'accord. C'est-à-dire les journaux du pôle Champagne-Ardennes-Picardie (CAP) : l'Est-éclair, Libération Champagne, l'Union-l'Ardennais et l'Aisne nouvelle .

Pourquoi y a-t-il eu blocage ?

Le plan Rossel proposait la suppression de 220 postes dans le pôle CAP, qui compte 640 salariés en tout. Ces dernières semaines, la Filpac-CGT s'était opposée au plan, proposant de baisser à 125 le nombre des suppressions de postes -- une proposition refusée par le groupe belge. Les autres syndicats et une majorité des salariés s'étaient positionnés en faveur du plan, le considérant comme un moindre mal. Rossel aurait pu passer en force, l'avis des syndicats en comité d'entreprise étant seulement consultatif. Mais il avait fait de «l'accord social préalable» une «condition indispensable à sa participation au projet de rapprochement avec GHM et ses banquiers» , précise un communiqué du groupe. Après l'annonce de l'échec des négociations, la direction de GHM a dénoncé un «gâchis industriel» .

Quelles sont les conséquences ?

Sans cet accord, les banques créancières vont vouloir renégocier avec GHM. Avec un actionnaire incapable de réinjecter des capitaux, le pôle CAP, dont les titres sont pour la plupart déficitaires, risque de se retrouver en cessation de paiement dans les prochains jours. Un placement en redressement judiciaire devrait suivre, avec probablement une procédure de cession, si un repreneur se manifeste. Avec le risque que, un à un, tous les journaux de GHM passent prochainement par la case tribunal de commerce.

Paru dans Libération du 28 juin 2012

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