Menu
Libération

Le bon coin, SeLoger, PriceMinister & Meetic

par Catherine Maussion
publié le 6 décembre 2010 à 12h07

Leboncoin, vide-grenier et poule aux œufs d’or

Le site est parvenu à surpasser eBay France.

Avec son look «zéro design», Leboncoin.fr ne paie pas de mine. Classées par régions, les 13 798 811 annonces y sont postées gratuitement par les internautes et commencent à 1 euro pièce. Un vide-grenier numérique aussi vaste que simple d’utilisation, aux antipodes des sites «technos» regorgeant de fonctionnalités.

Leboncoin a connu une croissance spectaculaire, accompagnant la banalisation du e-commerce entre particuliers. Son originalité ? Mettre ses clients en relation en leur laissant le soin d’organiser eux-mêmes la transaction, une remise en mains propres dans la majorité des cas. Ça marche si bien que son audience dépasse depuis belle lurette celle d’eBay France et figure dans le top 10 des sites hexagonaux les plus cliqués. De quoi faire grimper le chiffre d’affaires, qui provient en premier lieu des options payantes facturées aux internautes, avant la publicité. Cédé très cher par Spir à son coactionnaire, Leboncoin.fr aurait pu fournir de précieux revenus à des médias français en quête d’une diversification de leurs recettes. Trop tard et bien trop cher, c’est l’éditeur norvégien qui garde le tout.

Créé en 2006 par Spir Communications (groupe Ouest-France) et Schibsted (groupe de presse norvégien, éditeur de 20 minutes).

_ Fondateur : Olivier Aizac.

_ Leader : des sites français de petites annonces en ligne.

_ Effectifs : Environ 80 salariés.

_ Chiffre d'affaires : 18 millions d'euros (2009).

_ Valorisation : Le rachat de 100 % des parts par Schibsted valorise l'entreprise à 400 millions d'euros, 18 fois les bénéfices.

Photo : Olivier Aizac, DR JDN

Seloger : Axel Springer à bonne enseigne

La rentabilité de l’entreprise séduit l’Allemand.

À l’origine de Seloger, deux diplômés d’une école d’ingénieurs lambda et un début dans le Minitel. Amal Amar et Denys Chalumeau ont commencé leur pelote en vendant du voyage dégriffé sur Promovacances, enchaîné avec les annonces immobilières sur le 3615 Seloger, avant de faire migrer leur business sur Internet avec un flair certain. Le Minitel, au modèle économique lucratif, finance le développement et les tâtonnements sur le nouveau média.

Au tournant des années 2000, de nouveaux loups (Lastminute, TravelPrice, ImmoStreet…) leur volent la vedette et lèvent des millions d’euros auprès de financeurs crédules. Eux sont rentables depuis quelques années déjà. Presque un défaut. Ils passent au travers de l’éclatement de la bulle internet. Puis avalent l’un après l’autre leurs concurrents. Aujourd’hui, ils ont pour clients l7 000 agences immobilières -- 80% du marché parisien, 55% en région --, qui acquittent chacune un abonnement. L’accès aux petites annonces est en revanche gratuit pour les particuliers (3,1 millions de visites uniques par mois). De quoi exciter l’appétit du géant des médias Axel Springer…

Créé en 1992.

_ Fondateurs : A. Amar, D. Chalumeau.

_ Leader : des sites français d'annonces immobilières.

_ Effectifs : 250 salariés.

_ Chiffre d'affaires : 73 millions d'euros (2009).

_ Valorisation : L'OPA de Springer valorise le site à 566 millions d'euros.

PriceMinister, pionnier devenu japonais

La société a été rachetée 200 millions d’euros.

Depuis mi-2010, PriceMinister est dans le giron du géant nippon Rakuten. Ce groupe très diversifié, qui contrôle un quart du business de l'Internet japonais, s'est offert pour 200 millions d'euros une plateforme pour investir l'Europe. Un rachat surprise, mais impossible à refuser vu le montant de l'offre. «Je reste le premier à regretter qu'autant de sociétés françaises d'Internet passent sous contrôle étranger , souffle Pierre Kosciusko-Morizet, PDG de PriceMinister, mais il y a des raisons à cela. C'est d'abord un problème de taille critique : le marché français est trop petit pour permettre à des sites de grossir assez vite pour avoir les moyens de faire des acquisitions à l'étranger.» C'est le contraire qui se passe. «On est des proies, pas des prédateurs.» Pourquoi ? «À la différence des Anglais, des Allemands ou des Norvégiens, les grands groupes de médias et de distribution français qui pourraient nous racheter n'ont pas d'appétit pour la nouveauté et restent très frileux. D'où leurs offres trop modestes pour intéresser des sociétés en forte croissance comme la nôtre.» À l'entendre, PriceMinister, pionnier du e-commerce français, aurait tout simplement fait le meilleur choix.

Créé en 2000.

_ Fondateurs : Pierre Kosciusko-Morizet (photo, frère de la ministre de l'Environnement), Pierre Krings, Justin Ziegler, Olivier Mathiot et Nathalie Gaveau.

_ Leader : des sites français de déstockage en ligne à prix fixes.

_ Chiffre d'affaires : 40 millions d'euros (2009)

_ Bénéfices : 6,6 millions d'euros (2009).

_ Effectifs : 200 salariés en France, Espagne et au Royaume-Uni.

_ Valorisation : 200 millions d'euros.

Photo : Pierre Kosciusko-Morizet en décembre 2008 par Raphael Labbé, CC BY SA

Meetic bientôt délaissé par son fondateur

Marc Simoncini cherche à revendre ses parts.

À vendre. À 47 ans, Marc Simoncini, entame sa troisième vie. Dans la première, il a créé le portail internet iFrance, vendu 150 millions d'euros à Jean-Marie Messier, l'ex-patron de Vivendi -- c'était en 2000. Puis il crée Meetic, qu'il hisse en dix ans au sommet de la rencontre en ligne. En France, et très vite au-delà : Espagne, Belgique dès 2002, puis toute l'Europe. Il fait alliance avec Yahoo pour séduire l'Asie (Singapour, Malaisie…), avant d'entrer en Bourse, en 2005. Puis Simoncini se lance en Chine en 2006. En parallèle, il mise un peu au hasard sur de petites start-up. Avant de créer un fonds, Jaina Capital, il y a un an : «Soit je m'arrêtais, soit je faisais les choses bien» , nous disait-il en avril.

Début novembre, Simoncini, après avoir mis son équipe aux manettes, annonce son désengagement de Meetic (23% des parts) pour la fin de l'année. Messier Partner est chargé du mandat. «On a des offres de la part d'Allemands, d'Américains, et aussi de Français» , confiait jeudi Simoncini. Une petite chance de rester français ? Voire. «En France, on regarde toujours les sociétés du Net en se pinçant le nez», regrette l'entrepreneur.

Créé en 2001.

_ Fondateur : Marc Simoncini, 47 ans, informaticien (Supinfo).

_ Leader : des sites français de rencontres en ligne et leader européen depuis son mariage avec l'américain Match.com, en 2009.

_ Chiffre d'affaires : 157,9 millions d'euros (2009).

_ Bénéfices : 19,7 millions d'euros (2009).

_ Effectifs : 500 salariés en France.

_ Valorisation : 470 millions d'euros.

Photo : Marc Simoncini en décembre 2008 par Tiziano, CC BY SA

Paru dans Libération du 3 décembre 2010

Lire les réactions à cet article.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique