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Libération

Apple et le brevet anti-sexting

par Alexandre Hervaud
publié le 13 octobre 2010 à 19h00
(mis à jour le 13 octobre 2010 à 19h07)

Connaissez-vous le sexting, bande de coquinous ? Peut-être même le pratiquez-vous, qui sait. Pour mémoire, il s'agit d'échanges de contenu perso un peu olé olé (texte, photos, vidéos) par texto ou MMS. Une sorte de version 2.0. du bon vieux plan cul téléphonique, éternelle jambe de bois de certaines relations à distance. On conseille sur le sujet la lecture du billet de Jean-Marc Manach sur Bug Brother, où il évoque notamment quelques absurdités (des adolescentes accusées de pédophilie pour avoir échangé avec leurs petit copains du même âge, par exemple). Tout ça pour en venir à Apple.

Comme l'a évoqué Techcrunch ce matin, un brevet proposé par Apple en 2008 vient d'être accepté par l'agence fédérale US Patent and Trademark Office . Ce brevet a pour titre officiel «Contrôle de communication textuelle pour outil de communication personnelle» . Inventé par Michael et Matthew Lee, ce brevet ouvre donc la voie à un système implanté sur les téléphones pour bloquer l'envoi ou la réception des SMS (ou de mails, puisqu'il est question de text-based messages en VO).

Le résumé du brevet explique ainsi que dans certains cas, le message pourra être bloqué s'il contient du «contenu interdit» (un mot clé préalablement défini, comme fuck par exemple), ou parfois jouer au censeur en supprimant ledit contenu d'un message lors de sa transmission (ou de son envoi). Un exemple nous vient en tête : imaginons que le système soit fonctionnel en VF d'ici quelques temps, un ado cinéphile demande à sa copine par SMS «sa te di ce soir un ciné, retrospective Jean Eustache à la cinematèk, y'a La Maman et la Putain ce soir» (ok, on imagine hein). Avec un tel système sur son iPhone, la destinataire pourrait donc recevoir le même message l'invitant à voir le film La Maman et la .

Voulant sans doute se draper de vertus plus éducatives, le système permettrait aussi l'ajout ou la transformation de mots, à en croire l'exemple donné : «pour un enfant en plein apprentissage de la langue espagnole, un certain nombre de mots espagnols pourraient être inclus dans ses e-mails chaque jour» . Encore une fois, on imagine bien l'affaire : «pfff je suis trop triste, mon gato est mort» .

Un document (en anglais, 30 pages, PDF ) dont est tiré le schéma précédent explique plus en détail le fonctionnement de ce système, qui comme le constate Techcrunch se prive bien d'énoncer clairement la volonté de s'attaquer au sexting en particulier, mais plutôt à une sorte de renforcement des logiciels de contrôle parental. Une évolution certes assez logique compte tenu de l'évolution des pratiques en matière de surf : avec les smartphones désormais loin d'être cantonnés à une cible adulte, la navigation se fait de plus en plus mobile, et ne devrait pas tarder à supplanter l'usage devant l'ordinateur familial...

Cela dit, pas la peine de (trop) s'emballer : approuvé ou pas, rien ne dit qu'Apple, qu'on sait effectivement plutôt pudibond -- ambiance «cachez ces tits que je ne saurais voir » chez Steve Jobs-- s'en servira à l'avenir pour ses futurs iPhone. Méfiance toutefois, ce ne serait pas la première fois qu'Apple jouerait sur les mots.

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