Le chat tyran

Après le succès de ses animations sur le Net, Simon Tofield sort en BD les aventures du félin affamé et sadique.
par Astrid GIRARDEAU
publié le 5 décembre 2009 à 0h00

Un homme est couché. Il dort. Deux yeux inquisiteurs surgissent par-dessus les draps. Puis sous le lit. Le propriétaire des yeux apparaît : c’est un chat. Il s’installe juste derrière la tête de son maître, à proximité de son oreille et, le museau scrucateur, lance un «miaou». Suivi rapidement d’un second «miaou». Aucune réaction du dormeur. C’est alors parti pour une série de bonds sur le torse du ronfleur, de patounes, et de que je te marche l’air de rien sur le visage, que je te tire violemment l’oreille, et que je te remiaule un ton au-dessus. Mais… pas de réaction. Désespéré, car affamé, le greffier sort alors une batte de base-ball et… vlan !

Cette animation d'une minute et demi, Cat Can Do, a été vue près de 12 millions de fois sur Internet. Elle est l'un des cinq films de la série Simon's Cat, crée par l'anglais Simon Tofield.

Les péripéties du félin se poursuivent désormais en livre, Simons' Cat, une calamité de chat (1)sorti le mois dernier en France et dans le monde entier. Dans la lignée du Garfield de Jim Davis, Simon's Cat traite avec humour et sarcasme de la relation entre le maître et son chat - voir de l'état d'esclave auquel est rendu tout possesseur de félin. Et donc sur la principale activité quotidienne de ce dernier : manger. Les vidéos finissant systématiquement avec la bestiole qui, par exemple après avoir ravagé le salon en chassant une mouche, réclame pitance.

Le talent (et le succès) de Simon Tofield est dans sa capacité à observer et à retranscrire les expressions et attitudes d'un matou insatiable. Mais pas seulement. Le livre offre à l'auteur l'occasion d'explorer d'autres facettes de la psychologie féline. Sa mesquinerie, voire sa méchanceté, et sa couardise entre autres. Une partie des planches mettent en scène l'entourage proche du chat (nain de jardin, hérisson, souris, etc.) dans des histoires plus fantaisistes. Peut-être inspirées de ses principales références : Calvin et Hobbes de Bill Watterson et The Far Side de Gary Larson. Mais les meilleurs moments restent les plus proches du vécu. Comme celui de faire rentrer un chat dans son panier pour l'emmener chez le véto.

Internet et les chats, c’est l’un des incontournables du Réseau. Qu’on le veuille ou le subisse, et malgré les concurrents (bébés loutres et autres fennecs), c’est une recette qui fonctionne. En témoigne la success-story de Simon Tofield et de ses quatre chats (Hugh, Jess, Maisie et Teddy).

Cet Anglais, formé à l'animation traditionnelle, décide un jour de s'initier au logiciel Flash et de réaliser un petit film. L'histoire veut que ce matin-là, Hugh, alors chaton, l'ait assailli pour le réveiller et avoir son petit déjeuner. Le sujet était trouvé. Depuis, Simon Tofield a réalisé quatre autres films, tous des succès sur le Net. Créés entièrement à l'ordinateur, chaque vidéo d'une minute et demi, demande six semaines de travail pour l'animation. Plus une semaine pour le son. L'un des autres ingrédients de ce succès planétaire tient également au fait que les films sont sans parole, mais ponctués de bruitages bien sentis (ronronnements, miaulements, grattages, etc.) tous réalisés par Simon Tofield. Outre le livre et une chaîne sur YouTube, il est également possible de suivre Simon's Cat sur Facebook et Twitter. Et depuis quelques jours, sur iPhone via une application musicale : Purrfect Pitch.

(1) «Simon's Cat, une calamité de chat», de Simon Tofield 240 pages, 14,90 €. www.simonscat.com

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