Le co-fondateur de Microsoft contre le reste du net

par Virginie Malbos
publié le 30 août 2010 à 15h44

Revendiquer la paternité des pop-up sur Internet ne peut être une décision relevant d'un esprit très sain. Car qui voudrait marquer l'histoire en étant celui qui a obligé tous les internautes à lutter contre ces fenêtres à ouverture intempestive ? A moins d'être un peu masochiste, ou un inconscient vénal, rien ne justifie donc de vouloir être le papa d'inventions qui s'avèrent être de vraies plaies. Et pourtant...

Vendredi 27 aout, Paul Allen, le co-fondateur de Microsoft, 37e fortune mondiale, a décidé de faire son coming-out. Devant le tribunal de Seattle, il a porté plainte, via sa société Interval Licensing, contre 11 entreprises majeures d'Internet, accusées de violer quatre de ses brevets ( 6 263 507 , 6 034 652 , 6 788 314 et 6 757 682 ). Des brevets portant sur des éléments basiques d'Internet tel qu'on le connait aujourd'hui : fenêtres pop-up, moteurs de recherche intégrés dans les pages web, notifications via des fenêtres s'affichant en marge de l'écran ou suggestion de liens complémentaires concernant un article ou une vidéo.

Des éléments devenus si incontournables qu'Interval Licensing et Paul Allen pourraient sans doute emmener tout le web au tribunal. Ils se contentent des plus gros gibiers: AOL, Apple, eBay, Facebook, Google, Netflix, Office Depot, OfficeMax, Staples, Yahoo! et YouTube. Et expliquent leur démarche dans un communiqué: «Les brevets compris dans la plainte portent sur des technologies fondamentales de l'Internet développées par Interval Research dans les années 1990, que l'entreprise estime enfreints par les principaux moteurs de recherche et commerçants sur Internet. Ces brevets sont fondamentaux dans la manière dont les principales entreprises d'e-commerce et les moteurs de recherche opèrent aujourd'hui» . Interval Licensing espère donc obtenir sa part du gâteau sur le bénéfice de ces entreprises. Elle le justifie en précisant vouloir

«protéger nos investissements dans l'innovation» car ces brevets ont été «développés par et pour Interval» .

Si Apple, Yahoo! et AOL se sont refusés à tout commentaire, ce n'est pas le cas de tous les accusés. Facebook considère que «cette action en justice est totalement dénuée de fondement» et affirme vouloir la combattre énergiquement. De son côté Google analyse posément la situation : «Cette plainte contre quelques-unes des entreprises les plus innovatrices d'Amérique reflète une tendance fâcheuse de certaines personnes préférant rivaliser dans les tribunaux que sur le marché. L'innovation, et non les poursuites, est la meilleure manière d'amener au marché les produits et services dont bénéficient des millions de gens dans le monde» . Détruisant l'argumentation d'Interval en deux phrases, la firme américaine se paye même le luxe d'éviter de mentionner Microsoft, bizarrement épargné. Et évite aussi de préciser qu'avoir attendu 20 ans pour se prévaloir d'un brevet, c'est long.

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