Le harcèlement sur Facebook, un cas d'école

par Camille Gévaudan
publié le 3 mai 2011 à 19h37
(mis à jour le 4 mai 2011 à 12h27)

C'est un partenariat d'un genre nouveau, tissé entre deux mondes qui n'ont pas vraiment l'habitude de se fréquenter. Hier, en clôture des assises nationales sur le harcèlement à l'École , le ministre Luc Chatel a annoncé que l'Éducation Nationale pourrait compter sur le soutien de Facebook pour mettre hors d'état de nuire les élèves coupables de harcèlement virtuel.

«La solution que nous avons mise au point est simple , a expliqué le ministre. Nous signalerons systématiquement à Facebook les élèves qui auront été convaincus de harcèlement sur ce réseau, et ils verront leur compte Facebook fermé.» Les conditions générales d'utilisation du site interdisent déjà formellement «d'intimider ou d'harceler» les autres utilisateurs, mais aucun outil spécifique n'est mis à la disposition des internautes pour dénoncer les infractions dont ils pourraient être témoins. Anne-Sophie Bordry, la directrice des affaires publiques de Facebook en France qui est intervenue lundi dans un atelier sur les «nouvelles formes de harcèlement liées au développement des NTIC» , semble avoir encouragé les chefs d'établissements scolaires à signaler ces incidents à Facebook pour faire appliquer les procédures prévues de suppression de compte lorsqu'ils estiment que c'est nécessaire. Elle a explicitement été remerciée par Luc Chatel, qui voit dans son soutien «la démonstration que la lutte contre le harcèlement constitue une des priorités» du réseau social, traditionnellement plus soucieux de ses régies publicitaires que du bien-être de ses jeunes utilisateurs.

Outre Anne-Sophie Bordry et deux référents scientifiques, l'«atelier D» était animé par le secrétaire général de la CNIL [Commission Informatique et Libertés] Yann Padova et la déléguée générale de

l'association e-enfance, Justine Atlan. L'association s'est toujours montrée prompte à affoler les parents sur les dangers réels et supposés du Net en général et de Facebook en particulier, notamment via des clips dramatiques peignant le réseau comme le repaire de toutes les violences juvéniles -- des moqueries blessantes au fameux happy slapping en passant par l'encouragement au suicide.

Pour «lutter au mieux contre cette nouvelle forme de harcèlement» , E-enfance et la CNIL devraient lancer avant cet automne un site d'information à destination de «tous : enfants, parents, adultes. Tous pourront y trouver des ressources pédagogiques utiles pour comprendre les fonctionnalités et les usages de ces réseaux.» Le site sera accompagné d'un numéro d'appel utilisable par les enfants et leurs parents «pour dénoncer les cas de harcèlement dont ils sont victimes ou témoins.»

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