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Libération

Le mariage Rossel-Hersant dans de sales draps

par Isabelle Hanne
publié le 20 juin 2012 à 10h38

Les négociations ont échoué, jeudi, entre le pôle Champagne-Ardennes-Picardie (CAP) -- l'Union, l'Est éclair, l'Aisne nouvelle -- filiale du groupe Hersant Média (GHM), et le groupe belge Rossel ( la Voix du Nord ). Une mauvaise nouvelle pour les salariés de GHM : l'avenir du groupe de presse, très endetté, dépend justement de son mariage avec Rossel .

La création de cette holding, annoncée à l'automne, n'a toujours pas été signée : elle est en partie suspendue à la restructuration du pôle CAP. Au départ, Rossel demandait 270 suppressions de postes, sur 650 salariés. Après concertation, il était descendu à 200 suppressions de postes de non-journalistes, auxquels s'ajoutent une trentaine de journalistes via la clause de cession. Rossel met sur la table une enveloppe de 20 millions d'euros pour financer son plan. Le SNJ accepte ce préaccord, à contrecœur : «On avait le choix entre la peste et le choléra , regrette Philippe Mellet, délégué SNJ à l'Union. C'était soit cette potion amère, soit le tribunal de commerce.»

De son côté, la Filpac-CGT, qui avait fait des contre-propositions avec un plan de 125 suppressions de postes, s'oppose à l'accord Rossel. Le plan touche majoritairement les salariés du pré-presse et des rotatives, que le syndicat représente. Pour Mellet : «La discussion a tourné court.» Rossel quitte la table des négociations. «Nous restons, évidemment, ouverts au dialogue avec Rossel» , déclare Emmanuel Busson, délégué Filpac-CGT.

Plus de 300 salariés du pôle ont constitué un collectif pour tenter de sauver l'accord. L'un d'eux explique : «On a vu Paru Vendu liquidé en décembre. On voit Paris-Normandie, sans doute en liquidation dans quelques jours… Il y a urgence.» Rossel a «clairement fait savoir qu'à défaut d'accord de principe sur le projet de réorganisation du pôle CAP au 21 juin, il renoncerait à la création d'un nouvel ensemble avec GHM» , insiste Dominique Bernard, DG de GHM, dans un communiqué interne.

Une telle décision remettrait en cause l'accord de GHM, grevé d'une dette de 200 millions d'euros, avec ses banques créancières. Et pour conséquence «les plus sombres perspectives pour nos entreprises, en particulier les plus fragiles économiquement» , écrit Dominique Bernard. Le pôle CAP, mais surtout l'ensemble de GHM, pourrait se retrouver en redressement judiciaire.

Paru dans Libération du 18 juin 2012

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