Le nouveau Kindle, concentré de canards

TechnoLe site de vente Amazon lance son ebook dédié aux journaux et prétend sauver la presse écrite.
par Frédérique Roussel
publié le 12 mai 2009 à 10h46

Encore plus grand. Jeff Bezos a brandi la semaine dernière à New York le nouveau livre électronique d'Amazon. Après le ­Kindle 1, sorti en 2007, le Kindle 2, sur le marché depuis février, voici le Kindle DX. Grand par la taille (9,7 pouces en diagonale, soit près de 25 cm) et grand par la mission qui pèse déjà sur ses frêles composants : sauver la presse. A la différence des deux autres Kindle dédiés aux livres, cette nouvelle tablette qui lit plus grand a été particulièrement ­conçue pour télécharger journaux et manuels scolaires, qui coûtent souvent cher. «Vous n'avez pas besoin d'élargir, pas besoin de zoomer, pas besoin de scroller. Seulement de lire» , a vanté le patron d'Amazon.

Rien de révolutionnaire a priori dans cette nouvelle machine, dont le prix (498 dollars – 372 euros –, soit 130 dollars de plus que la version 2) suscite déjà une petite bronca. Le DX intègre le format PDF et comporte une mémoire plus gourmande de 3 500 livres (275 000 titres sont aujourd’hui téléchargeables), mais l’écran reste en noir et blanc avec tout de même seize nuances de gris, et ne permet pas encore la vidéo. Et s’il est 3G, il n’intègre pas encore de ­connection wi-fi.

Le voyant carrément comme une étape vers «la société sans papier» , selon Jeff Bezos, Amazon a déjà signé avec trois quotidiens américains, le New York Times , le Boston Globe et le Washington Post , pour proposer un abonnement à leur édition électronique. Les lecteurs situés dans des zones où la version papier est difficile à trouver auront même droit à une ristourne sur le prix de la machine. «Nous recherchons toujours de nouveaux moyens pour des millions de lecteurs d'accéder à nos informations de haute qualité, en continu et en totalité» , a expliqué Arthur Sulzberger, le président du groupe de presse New York ­Times. Le Kindle DX compte aussi se faire une place à l'école et dans les facs. Sentant le filon, trois groupes d'édition universitaire vont offrir leurs ouvrages sur ­Kindle dès cet été, tandis que cinq campus ont décidé de fournir le joujou à leurs étudiants.

L'entreprise de commerce en ligne n'est pas la seule à avoir songé à un ebook dédié aux journaux. La start-up amé­ricaine Plastic Logic, qui a déjà noué des partenariats avec USA Today ou le Financial Times , devrait lancer le sien, de format A4, avant la fin de l'année.

FirstPaper, avec le groupe de médias Hearst, travaille sur un modèle de journal, en couleur, tactile et souple, enfin (car le Kindle DX ne se roule pas). Le japonais Sony, dont l'ebook est vendu en France depuis fin 2008, serait aussi sur les rangs. Enfin, Rupert Murdoch, propriétaire entre autres du Wall Street Journal , a annoncé en avril qu'il investissait dans un lecteur électronique plus large pour la presse. Mais l'avenir des journaux tient-il vraiment à la taille d'un écran ?

Paru dans Libération du 11/05/09

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