Le papier électronique sous presse

Alors que des journaux européens testent une diffusion sur lecteur électronique, «Les Echos» se lancent, cette semaine, dans l'aventure.
par Frédérique Roussel et Sabine Cessou
publié le 28 avril 2007 à 10h51
(mis à jour le 30 avril 2007 à 10h47)

Demain, la scène de Minority Report de Steven Spielberg, dans laquelle on voit le passager d'un métro feuilleter un journal aux articles qui se rafraîchissent instantanément, sera sans doute la réalité. Des journaux en Europe ont d'ores et déjà pris le pari d'une publication sur un papier électronique. Au printemps 2006, le quotidien économique flamand De Tijd avait été le premier à tester une diffusion sur le lecteur iLiad , produit du néerlandais iRex, ex-filiale de Philips. Cette ardoise électronique permet de charger des livres entiers, mais aussi d'écrire des textes à la main, qu'on peut ensuite transférer sur son ordinateur.

Cette semaine, le quotidien économique les Echos est devenu le premier journal français à sauter le pas, après un an de montage du projet. Il vient de lancer une souscription pour un abonnement e-paper . Celui-ci permet d'accéder à l'ensemble des articles du journal, à son actualisation en ligne, à un fil de l'AFP et à des livres numériques. Deux types d'abonnements sur deux lecteurs différents sont proposés : un «abonnement légèreté» (environ 600 euros) a pour support un lecteur avec la base technologique du Stareread (d'origine chinoise). L'actualisation s'effectue via une connexion USB avec un PC. Un «abonnement mobilité» (700 euros), conçu pour un usage plus professionnel, aura pour support le lecteur iLiad, avec une connexion wi-fi.

Deux grands quotidiens néerlandais De Volkskrant et NRC Handelsblad envisagent aussi de tester le e-paper dès le mois de mai, avec un lancement en 2008. Tirant respectivement à 287 000 et 244 000 exemplaires, ils perdent sans cesse des lecteurs (-2,3 % et -2,8 % au dernier trimestre 2006, malgré des législatives en novembre). Avant d'accéder à la version digitale de leur journal, les lecteurs néerlandais devront d'abord débourser 400 euros pour un iLiad. En principe, le service sera gratuit pour les abonnés à la version papier du NRC Handelsblad . L'abonnement digital seul portera sur tout le contenu du journal, mais ne sera pas plus cher que les 100 euros annuels demandés par le quotidien à ses 6 000 abonnés Internet. «Les coûts du papier et de l'impression vont être réduits, et bien des problèmes de distribution pourraient être résolus» , prévoit Gert Jan Oelderik, directeur marketing du NRC Handelsblad . Le papier électronique ne va pas marquer la fin du journal papier, estime-t-il, mais le «début d'une offre complémentaire, comme avec Internet» .

L' iLiad s'est vendu à 10 000 exemplaires en 2006. Son grand problème, reconnaît Hans Brons, le patron d'iRex, reste «une offre de contenu encore trop maigre» . Le groupe veut vendre 100 000 appareils en 2007 et vise une cotation en Bourse avant octobre. Le décollage commercial paraît imminent : des négociations sont en cours avec la compagnie aérienne KLM. Si les pilotes de ligne mettaient leurs volumineuses feuilles de route sur l'iLiad, des valises de documents n'auraient plus besoin d'être transportées, affirme iRex.

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