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Libération

Le patron de Google charge Facebook et Apple

par Sophian Fanen
publié le 16 avril 2012 à 17h51
(mis à jour le 16 avril 2012 à 18h50)

Sergey Brin, le cofondateur de Google, répondait à quelques questions dans les pages du Guardian britannique ce week-end, qui publie une série d'articles sur les libertés en ligne. Il en profite pour attaquer le modèle fermé créé par Facebook et Apple, en plus de regretter la censure imposée dans certains pays.

« Il y a des forces très puissantes qui s'opposent à l'internet ouvert dans le monde, estime-t-il. Je suis plus inquiet que je l'ai été dans le passé. C'est effrayant.»

Pour Sergey Brin, la première de ces menaces reste politique, alors que la Chine , la Russie ou l'Iran ont ces dernières semaines renforcé la censure en ligne et le contrôle du réseau sur leur territoire. «[Il y a cinq ans] je pensais qu'il n'y avait aucun moyen de remettre le génie dans la bouteille, mais maintenant il semble que dans certains endroits, cela se soit bien passé» , regrette Sergey Brin.

Mais les pays ennemis d'Internet ne sont pas les seuls à menacer la libre circulation des informations sur la Toile selon le patron de Google, qui vise également les systèmes fermés créés notamment par Facebook et Apple. «Il y a par exemple toutes les informations qui sont contenues dans les applications, explique Sergey Brin. Ces données ne sont pas exploitables par les robots d'indexation. On ne peut pas chercher dedans.» Ce qui prive Google d'autant de matière à exploiter, et donc d'autant de placements de publicités possibles.

Le monde que Facebook tente de construire est également en opposition avec celui de Google. Le premier fait tout pour remplacer Internet, pour forcer ses membres à ne vivre en ligne que dans ses murs. Ils peuvent y gérer leurs photos, y écouter de la musique, etc. Google, lancé à une époque ou le net était bien différent d'aujourd'hui, a créé un ensemble de services plus ouvert, qui lui permettent de disséminer ses publicités le plus largement et efficacement possible mais dépendent largement de la navigation libre des internautes. Comme l'avoue Sergey Brin, Google a donc beaucoup à perdre à voir le monde se morceler en cercles fermés.

«Vous devez jouer selon leurs règles, qui sont vraiment restrictives, dit-il du monde de Facebook. L'environnement dans lequel nous avons développé Google, la raison pour laquelle nous avons pu mettre au point un moteur de recherche, c'est que le web était très ouvert. Une fois que vous imposez trop de règles, elles étouffent l'innovation.»

Google n'impose peut-être pas de règles aussi restrictives, mais la firme de Mountain View n'en est pas moins un géant au moins aussi inquiétant que Facebook en ce qui concerne les libertés en ligne. La masse de données accumulées grâce à l'écosystème formé par Gmail, Maps, YouTube et maintenant Google Play (musique et films), nourrit le business publicitaire de Google autant qu'elle menace potentiellement les utilisateurs mal informés de ses services.

Récemment, en officialisant son intention de travailler à long terme sur ses lunettes connectées , Google a aussi montré des ambitions sans limites: être le centre de la vie quotidienne des internautes, les suivre dans leurs déplacements quotidiens, tout savoir de leurs achats, de leurs envies... Dans l'océan des données, Google a clairement le plus gros bateau aujourd'hui.

Dans le Guardian , Sergey Brin s'en prend enfin à l'industrie des loisirs et ses attaques à outrance contre le téléchargement, qui selon le boss de Google reviennent à «se tirer une balle dans le pied. [...] Quand vous allez sur un site pirate, vous choisissez ce que vous aimez et le contenu se télécharge sur le périphérique de votre choix, et il marchera bien. En face, il faut passer par tous ces méandres pour acheter du contenu légitime. Les barrières que l'on a créées sont vraiment dissuasives pour les acheteurs.»

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